Que faire ? par ( Jamal Berraoui )
Un demi-million de jeunes Marocains sont en train de passer l’examen du baccalauréat. Ce diplôme est, en principe un sésame, mais pour quelle porte ? Les parents, j’en suis, sont totalement perdus. Il faut que votre enfant réussisse, c’est déjà une angoisse. Mais ensuite, quel chemin lui offrir ?
Les disciplines valorisées, la médecine, la chirurgie dentaire, l’architecture, les écoles telles que l’EMI, ou même l’Ecole Hassania, requièrent des moyennes supérieures à 16/20, juste pour participer au concours d’accès.
Les facultés sont surpeuplées, avec un taux de déchets frisant le scandale. Si l’on sait ensuite que ce sont les filières qui produisent la totalité des diplômés chômeurs, on comprend que cela ne soit pas le premier choix des parents.
Il y a les écoles supérieures privées. La seule sélection est d’abord celle des moyens. Cela coûte entre 50.000 et 100.000 dh par an, en dehors des autres frais. Cela élimine beaucoup de familles. Si l’on sait que cela dure cinq ans, on comprend que la population ciblée est réduite. Mais toute la classe moyenne s’y met, au détriment de la qualité de vie de la famille, dans l’espoir d’offrir les meilleures chances aux enfants. Le drame, c’est que ces diplômes ne sont pas valorisés par le marché du travail, que des « ingénieurs » chôment depuis plusieurs années.
Il y a l’étranger, les grandes écoles, c’est sélectif déjà, c’est surtout trop cher. Pour vivre dans une grande ville européenne, il faut au minimum 10.000 dh. Ensuite, les frais de scolarité sont énormes. 9000 Euros en moyenne pour les grandes écoles.
Le rêve de l’égalité des chances par l’éducation est devenu une illusion. La sélection, à part pour les enfants exceptionnels, se passe par l’argent. Mais, même quand les parents font le sacrifice matériel, ils n’ont aucune garantie. Les écoles supérieures privées mentent. Elles font leur pub en rappelant que tel lauréat, a tel poste. Alors qu’il le doit à son talent exceptionnel, ou souvent au patrimoine relationnel de son père. Ce qui est une réalité, c’est que les lauréats des écoles privées sont en chômage de longue durée, que les grandes entreprises, les banques refusent d’étudier leur CV.
Alors quand on est père d’un futur bachelier, que faire ? Il faut peut-être revenir aux bases, lui demander ce qu’il aimerait faire dans sa vie, lui laisser le choix, l’accompagner en l’avertissant que ce n’est pas un fleuve tranquille. Ce que vivent les parents, cette angoisse est intolérable. La société de la méritocratie s’éloigne.