Blog de Jamal Berraoui

Que fait l’opposition ( Par Jamal Berraoui )

Cela fait près de trois mois que le gouvernement est estropié. Les ministres  démissionnaires sont toujours là pour gérer les affaires courantes en principe. Le replâtrage de la majorité, par l’intégration du RNI est toujours en négociation, au pas de sénateur, et Benkirane ne paraît pas du tout pressé d’en finir.

Le Chef du gouvernement défie l’opposition : « Nous sommes un gouvernement minoritaire, ils n’ont qu’à présenter une notion de censure et nous faire tomber ». Constitutionnellement, il n’a pas tort. Politiquement il joue sur du velours. Il sait que l’opposition est divisée et surtout qu’elle est paralysée.

Le Maroc est la seule démocratie au Monde où le Chef du gouvernement peut se permettre ce genre de sorties sans craindre une riposte de l’opposition. Celle-ci limite son champ d’action aux déclarations au raz des pâquerettes que les dirigeants du PAM et de l’Istiqlal affectionnent particulièrement.

Le PJD ne gère pas du tout le pays, il est toujours en campagne électorale. L’incompétence, l’impréparation aux affaires de l’Etat, ne peuvent être indéfiniment masquées par le discours sur les forces occultes. Les citoyens s’en rendent compte et n’adhèrent plus aux simagrées censées les faire rire. Les prix flambent, y compris le panier de la ménagère, l’économie ronronne, l’enseignement est en faillite, officiellement en faillite, les hôpitaux sont incapables d’assurer le service minimum. Le Marocain lambda s’intéresse d’abord à ce constat. En majorité, nos concitoyens n’attendent plus rien d’un gouvernement impotent qui, au lieu d’assumer ses prérogatives, préfère guerroyer contre les moulins à vent sans oser, une seule fois, nommer celui ou ceux qui « l’empêchent de travailler ».

C’est politiquement dangereux parce qu’il n’y a pas d’opposition et que ce désenchantement ne peut donc que prendre la forme du rejet de la politique. Benkirane a raison, l’opposition devrait déposer une notion de censure, non pas contre l’action de son cabinet, mais contre son inaction.

Sauf que dans l’opposition, ils sont tétanisés pas la perspective d’élections anticipées. Ils cachent leurs angoisses électoralistes derrière la stabilité du pays. Or, depuis quand le recours aux élections, au suffrage universel, à l’expression de la volonté populaire est-il un signe d’instabilité ?

Le Maroc a besoin d’un gouvernement performant, issu d’une majorité homogène. Ce n’est pas le cas depuis deux ans. Ou l’intégration du RNI permet d’atteindre ce but ou alors il faudra recourir aux urnes. Mais on ne peut continuer avec un exécutif aux abonnés absents alors que les périls se précisent. Ceux qui ont peur d’un renforcement des Islamistes n’ont rien compris au film. Il s’agit de remobiliser autour des institutions, quel que soit le vainqueur. La situation actuelle va dans le sens inverse, pour les citoyens, écœurés, c’est « kif-kif Bourricots ».

 
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