Blog de Jamal Berraoui

Quel est l’apport du RNI ? ( Par Jamal Berraoui )

Le gouvernement Benkirane II a respecté les délais prévus par la constitution et a déposé le projet de Loi de Finances le 21 octobre à la première Chambre. Sur le contenu, on aura le temps de le décortiquer, mais au delà du formalisme, il y a deux remarques essentielles à faire.

La première, est que les ministères délégués n’ont pas de budget propre. La raison c’est que le projet a été confectionné avant de connaître l’architecture du gouvernement. Politiquement, cela diminue le rôle des nouveaux ministres délégués et affaiblit leur capacité de négociation dans la bataille de partage des prérogatives. Qui est dépendant financièrement ne peut pas s’émanciper de sa hiérarchie.

La seconde est plus profonde. Le RNI et ses huit ministres n’ont pas participé à l’élaboration du projet. Ils ont accepté que Benkirane refuse de présenter un nouveau programme gouvernemental devant le parlement, dans une lecture constitutionnelle qui lui est propre.

C’est une aberration politique. Le RNI a voté contre le programme, accepte d’endosser un projet de Loi de Finances concocté par d’autres. Que vont apporter ses ministres, au delà de leurs capacités personnelles, si elles existent, mais politiquement ?

Je ne suis pas un fan, comme dirait l’autre, de la majorité actuelle, mais je tente de rester objectif. Après l’adoption de la constitution, l’enjeu pour tous les démocrates était clair : crédibiliser les institutions pour étendre l’adhésion populaire. Qu’une majorité change de composantes en cours de législature est une option en démocratie. Mais ailleurs, cela se fait sur des questions politiques. Les désaccords ayant mené au départ des uns, les accords facilitant l’entrée des autres sont portés à la connaissance de l’opinion publique. Chez nous, pour les citoyens, l’Istiqlal est parti parce que Chabat et Benkirane ne s’entendaient pas et c’est un euphémisme. Pourquoi est-ce que le RNI a intégré la majorité ! Il ne change pas de programme gouvernemental, alors qu’il l’a combattu, ne participe même pas au projet de Loi de Finances qui fixera l’action gouvernementale pendant une année. C’est le meilleur moyen de dévaloriser l’action politique, encore plus si c’était possible.

Il y a un moyen de sauver la face, permettre au groupe parlementaire RNI de porter des amendements en nombre, et les faire accepter par l’exécutif. Ce n’est tout de même que de la cosmétique. Dans l’exercice de ses fonctions, Benkirane porte coup sur coup à la construction démocratique, c’est ce que l’histoire retiendra.

 
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