Quel «Etat social» [Par Jamal Berraoui]
Le concept est un peu galvaudé, parce que depuis que le RNI l’a utilisé, la classe politique l’utilise à tort et à travers. Certaines positions sont même outrancières. Dire, par exemple, que la loi de Finances comporte des mesures antipopulaires est juste factuellement faux. Il n’y a aucune variation fiscale qui atteint les couches populaires.
Mais proclamer qu’on va entrer dans l’ère de l’Etat-providence, c’est lancer le bouchon un peu loin. Le projet Royal de généralisation de la protection sociale est une véritable révolution dans notre pays. On verra comment les choses s’organiseront, nous avons déjà vu des déceptions avec le RAMED par exemple ou le programme Tayssir, mais c’est un véritable acquis.
L’emploi de 250.000 jeunes dans «l’urgence» peut ouvrir la voie à de nouveaux métiers, tels que l’aide à la personne, mettre des jeunes sans qualification sur le chemin de l’emploi, mais ce n’est pas la panacée.
Lire aussi | Obligatoire désormais au profit des travailleurs non salariés
En fait, ce qui est déterminant, c’est l’accession aux services publics et leur qualité. Le reste c’est du pipeau. Les gens réagissent en fonction de leur réalité, parfois de leur perception, jamais en fonction des chiffres sortis d’un tableau Excel.
On nous annonce quelques milliards de dirhams pour la Santé. Seulement, plus d’un Milliard va aller à l’extension du CHU de Rabat. Combien à Safi (400.000 habitants), à Afourar ? L’égalité territoriale n’est qu’un slogan, si l’on raisonne de manière concrète. Sur ce dossier, nous sommes égaux, mais pas de la même manière.
L’approche de médecine de proximité est plus qu’intéressante. Les dispensaires pour désengorger les hôpitaux, c’est du bon sens, dont acte ! Mais, il faut y inclure aussi des services comme les maternités. Parce que les routes sont coupées en hiver, des femmes meurent alors qu’elles ont juste besoin d’une césarienne.
Le ministre de l’Enseignement a annoncé que nous avons 25.000 classes multiniveaux. Aucun vrai pédagogue ne peut valider ce système. Il faut d’abord régler ce problème d’ici la prochaine rentrée.
«L’Etat social», c’est un Etat qui protège contre les coups de la vie mais, surtout qui permet à tous ses citoyens d’accéder à des services publics de qualité et gratuits. Nous en sommes loin, même si les annonces sont un bon début.