Ramadan : un mois de congé ?
Les Marocains vivent le mois du jeûne d’une manière très particulière. Le pays marche au ralenti. Dès le premier jour à 9 heures du matin, l’ambiance s’installe, alors que ni la faim, ni la soif ne justifient la léthargie. Le précepte religieux devient une excuse pour la fainéantise générale. Car, même ceux qui ne jeûnent pas suivent le rythme lent des autres.
Il y a un élément objectif, c’est que les Marocains veillent énormément durant cette période sacrée. La vie sociale devient nocturne, les invitations, les visites se transforment en soirées étirées. La consommation télé explose. Les cafés sont pleins jusqu’au petit matin. Les jeux de sociétés, les cartes, les jeux d’argent ont d’innombrables adeptes occasionnels. C’est un fait qui explique la fatigue durant la journée. A ceci, il faudra sans doute ajouter la chaleur qui ne fait pas l’affaire de ceux qui, jeûnant, doivent fournir un effort physique.
Cependant, on ne peut se résigner à perdre un mois par an. En vérité, la productivité est réellement proche de zéro. Certaines entreprises préfèrent d’ailleurs en faire le mois de congé pour tout le monde. Ce qui n’arrange pas nécessairement les salariés, car le Ramadan n’est pas propice aux voyages.
C’est un phénomène social qui peut être, non pas éradiqué, mais au moins atténué par des mesures simples. Par exemple, on peut limiter à minuit l’ouverture des lieux publics. Pourquoi est-ce que les glaciers resteraient ouverts jusqu’à 3 heures du matin ? La télévision pourrait faire un effort dans la programmation et ne pas chercher à maintenir l’intérêt des veilleurs. Dans l’administration, il faut bannir la tolérance au nom du jeûne et exiger de tous qu’ils travaillent normalement. Encore faut-il que ceux qui doivent exiger soient eux-mêmes aptes à le faire. De la même manière qu’on multiplie les émissions sur le thème Ramadan et santé, on peut en faire sur le thème Ramadan et travail.
Atténuer le phénomène du relâchement pendant le mois sacré, c’est à coup sûr engranger des gains économiques importants. Imaginez que cette année l’économie va ronronner pendant deux mois, puisque dès la fin du Ramadan, ça sera la ruée sur les congés légaux. C’est un luxe au-dessus de nos moyens, mais que nous nous payons tout de même.