Rattraper le temps perdu par ( Jamal Berraoui )
Le gouvernement Benkirane II se doit d’abandonner son train de sénateur et d’accélérer la cadence. Le dossier retraites est en train de pourrir. Les clivages politiques sont importants, les syndicats refusent le report de l’âge de départ à 65 ans et l’augmentation des cotisations. Pourtant, il faudra s’y résoudre, si on veut sauver le système. Seulement, selon les actuaires, cela reste insuffisant. De deux choses l’une où l’Etat mettra les mains à la caisse ou il faudra trouver d’autres financements et on ne voit pas lesquelles, parce qu’alourdir les charges sociales c’est handicaper l’emploi. Or, c’est cette année ou jamais, tout retard signifie un sauvetage compromis et le risque d’une explosion sociale.
L’exécutif a aussi des urgences législatives. Les lois organiques pour l’application de la constitution ne peuvent pas décemment attendre. La chambre des conseillers est peuplée d’élus dont le mandat a expiré. Les élections municipales sont prévues en 2015, la régionalisation est renvoyée aux calendes grecques, c’est toute l’architecture institutionnelle qui est menacée de décrédibilisation.
L’idéal sur ces chantiers serait la recherche de consensus. Mais la crispation est maîtresse du jeu et ne laisse entrevoir que l’affrontement qui fait partie lui aussi du jeu démocratique.
Sur la santé publique on peut dire que les choses avancent, par petites touches, sans un projet global, qui de toutes les façons n’a jamais existé, mais elles avancent.
Sur l’éducation nationale on ne peut pas juger Belmokhtar sur une si courte durée mais il y a urgence à ce que l’exécutif en coordination avec le conseil supérieur mette sur pied une feuille de route pour sauver l’école.
Les problèmes économiques sont graves, l’endettement extérieur a atteint le niveau qui met en équation la souveraineté nationale et le marché des phosphates est en contraction.
Abdelilah Benkirane a échoué sur la thématique de la lutte contre la rente ou contre la corruption, et ce de son propre aveu.
Des promesses telles que le SMIG à 3000 dh ou la création de 150.000 emplois par an, étaient des leurres électoralistes.
C’est sur les chantiers décrits plus haut qu’il sera jugé. Le retard pris crée un malaise, un scepticisme sur la capacité de l’exécutif à affronter les défis, pire sur la capacité des Islamistes à gouverner.