« Réagir face à l’abject » par ( Jamal Berraoui )
Je ne suis pas membre du syndicat de la presse, je n’ai même jamais eu de carte de presse, malgré les avantages qui y sont rattachés. Je n’attends donc rien de cette organisation avec laquelle j’ai des divergences principielles, que je n’ai pas exposé, parce que ce n’est qu’une attitude personnelle et que je n’ai jamais prévu d’en faire un combat. Ils ont quand même trouvé le moyen de décevoir.
Les exécutions des deux journalistes américains font suite à une série de rapts, de marchandages, de choses crapuleuses. Bien entendu, les ONG internationales réagissent, pas le SNPM, cela me dérange parce que je connais le fonctionnement des médias internationaux. Un simple communiqué du syndicat, en soutien des journalistes, indépendamment des positions politiques aurait eu un vrai écho.
Mais au-delà, je vieillis mais je reste attaché à une idée très simple : le fonctionnement d’une organisation doit être relié à des principes. Si un journal est poursuivi pour diffamation, que son adversaire lui réclame de fortes sommes d’argent, le communiqué contestataire tombe dans les 24 heures. Il y a deux exceptions, Rachid Niny et moi-même. Une mafia condamnée par les justices marocaine et française me réclame un milliard et demi de centimes. Le SNPM se tait, et je trouve cela normal. Je n’en suis pas membre. Mais les indignations sélectives sont une offense pour le métier du journalisme.
Je m’explique, quand des journalistes marocains sont maltraités en Algérie, le SNPM en fait des tonnes. Quand des journalistes espagnols sont empêchés de pénétrer au Sahara, parce que leurs organes sont hostiles au Maroc le SNPM se tait. Personne n’est plus patriote que moi, mais ce n’est pas l’attitude d’une structure attachée à la liberté de la presse et donc à l’accès à l’information.
Là, il s’agit juste de dénoncer l’abject, au même nom du droit à l’accès à l’information et au devoir d’informer des journalistes. J’ai un vrai malaise avec les ONG qui instrumentalisent les droits de l’homme pour des positions politiques et le SNPM qui est plus un outil politique, un outil, qui aurait le droit d’exister, si on avait à côté un ordre, chevillé lui autour de principes invariables. Pour ma part, je dénonce toute entrave au travail des journalistes, partout dans le monde, en Israël, en Turquie, au Maroc, en Afrique, y compris quand il s’agit de journalistes issus de pays que je considère impérialistes.