Blog de Jamal Berraoui

Réel clivage

 

Les parlementaires du PJD ont pris la tête d’une croisade qui a réussi à enterrer l’un des projets de loi les plus ambitieux, sur le plan sociétal. Ce texte prévoyait la criminalisation de toute relation sexuelle avec un mineur. Cela signifie concrètement, que tout rapport à connotation sexuelle entre un adulte et un mineur est assimilé à un viol. C’est cette législation qui est adoptée par tous les pays développés, toutes les démocraties. Au Maroc, le législateur s’appuie toujours sur la notion d’usage de la violence. Ainsi, un enfant de sept ans, qui aura suivi un pédophile parce qu’il lui a offert des bonbons, sera considéré comme consentant et le criminel pourra s’en tirer avec une peine minimale ! Les islamistes ne le voient pas de cet oeil. Ils ont d’abord pensé à l’âge légal du mariage, qu’ils aimeraient bien ramener à treize ans, selon la ministre, l’unique, madame Hakkaoui. 

Le projet de loi, s’il avait été adopté, aurait effectivement signifié un changement dans le code de la famille. Dans certains pays, une distinction est faite entre la majorité légale fixée à 18 ans et la majorité sexuelle qui intervient deux ans plus tôt, on aurait pu amender le texte dans ce sens, le PJD a préféré l’enterrer. De la part des Islamistes, il aurait été naïf de s’attendre à une autre attitude. Déjà l’âge légal du mariage fixé à 16 ans leur pose un vrai problème.
Dans leur réthorique, toute femme qui peut procréer, non seulement peut se marier, mais doit se marier, pour éviter les tentations. Ils croient, pour certains d’entre eux avec beaucoup d’hypocrisie, que l’adultère, les relations hors mariage, peuvent être éradiqués en société musulmane. L’une des conditions de cette chimérique société, sexuellement «clean», encadrée exclusivement par l’institution des mariages, celui de la « Moutaâ » palliant les urgences masculines, est justement le mariage précoce.

Ceux qui ont fait la proposition de loi s’inscrivent dans une autre logique : celle de la protection des enfants et des adolescents en vue de la formation de personnalités équilibrées, épanouies. Que la question du mariage des petites filles fasse partie de leurs motivations, on ne peut l’exclure et c’est tout à leur honneur. De débat, il n’y en a point. Les médias, en particulier l’audiovisuel public, n’ont pas estimé que le sujet méritait d’être porté au public, alors qu’ils commentent à longueur de journées, les sorties de voyous au sein de l’enceinte.

Ce sujet sociétal, avec des enjeux énormes, un clivage réel au sein de la société aurait pu animer le débat public. Il n’en est rien parce que les clercs ont trahi depuis longtemps et que les prétendues élites ont définitivement normalisé avec la médiocrité. Pour ma part, j’estime courageuse la proposition de loi et j’appelle à intensifier le combat, pour que les prédateurs sexuels soient lourdement sanctionnés, dans le cadre de la loi. Les femmes et les hommes qui mènent cette lutte sont admirables, parce que la société schizophrène continue à considérer que le sexe est tabou, alors qu’il s’étale à tous les coins de rue, et sur les manchettes des journaux quotidiennement. C’est sur cette schizophrénie que surfent les Islamistes.

 
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