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Regards croisés de deux économistes sur les dossiers prioritaires de la rentrée

Après le discours du Trône et celui du 20 août dernier de SM le Roi, le gouvernement est sous pression. Nouveau modèle de développement économique et social, employabilité des jeunes, éducation, santé, social… la liste des dossiers importants et urgents pour cette rentrée est très longue. Rachid Seddik Seghir et Mehdi El Fakir, deux économistes de renom analysent les dossiers chauds de la rentrée gouvernementale.

Rachid Seddik Seghir , économiste

Pour le premier, le contexte dans lequel s’effectue cette rentrée est des plus difficiles du fait du climat de grogne et d’insatisfaction qui fait l’unanimité. «Les chantiers sont gros et la tâche difficile du fait du manque de confiance tant au niveau interne que vis-à-vis des investisseurs étrangers», estime Rachid Seddik Seghir. Pour lui, les priorités du gouvernement pour cette rentrée concernent les dossiers tels que l’assainissement du climat des affaires, en vue de garantir une justice à même de protéger les opérateurs économiques et d’asseoir un environnement propice au développement de la confiance, l’achèvement de certaines réformes et mécanismes qui demeurent inopérants tels que les OPCI et la Finance participative, la réglementation de l’accès à plusieurs professions et activités en vue de protéger le consommateur et de responsabiliser les différents intervenants qui ,par manque de compétence, font très mal aux opérateurs économiques. Rachid Seddik Seghir estime aussi que la bonne gouvernance au niveau des rouages de l’appareil de l’Etat en vue de rétablir la confiance, le renforcement de la culture de la responsabilité et de la réédition des comptes et la mise en avant du dossier Education et Enseignement qui pénalise et handicape lourdement l’avenir du Maroc et de sa jeunesse appelée à prendre les rênes dans un proche avenir, doivent faire partie des dossiers sur lesquels l’Exécutif doit s’acharner.

PLF 2019 : innover pour assurer l’équilibre budgétaire

« Je pense aussi que la mise en place de mécanismes permettant de positionner la PME en tant qu’acteur central de développement de l’économie du pays et la création d’emplois, et la mise en place d’un code de conduite des instances et pouvoirs publics permettant de positionner l’usager au centre des préoccupations de l’Administration, sont également des chantiers qui doivent avoir la priorité du gouvernement », souligne-t-il.  El Mehdi El Fakir estime également qu’il y a urgence. Pour lui, les priorités du gouvernement pour cette rentrée tournent autour de trois grands axes. Le premier concerne la préparation du projet de Loi de Finances (PLF) 2019. « Avec la nomination d’un nouveau ministre de l’Economie et des Finances, et dans le cadre de l’élaboration de la Loi des Finances, le gouvernement aura pour lourde tâche la réconciliation des impératifs budgétaires et l’élaboration d’un budget social conformément aux orientations Royales dans un contexte de fortes attentes en la matière», soutient-il. Dans ce sens, l’économiste avance que la marge de manœuvre dépendra des approches novatrices qui seront adoptées. « Car l’augmentation arithmétique des dépenses publiques sera préjudiciable pour les équilibres financiers (endettement, inflation, déficit…), d’où la nécessité plus que jamais d’une vraie révolution culturelle afin d’améliorer considérablement l’efficacité des finances publiques (rationalisation des dépenses et amélioration du taux de recouvrement des créances publiques)», justifie Mehdi El Fakir. Le deuxième chantier qui doit avoir la priorité du gouvernement, selon lui, porte sur la relance de l’investissement.

Nouveau modèle de développement, priorité des priorités

«  Il est clair que nous sommes aujourd’hui devant un phénomène de ralentissement économique, dû en partie à une baisse des investissements privés. Le discours Royal du 29 Juillet a ordonné la sortie rapide de la Charte d’Investissement et celle de la Déconcentration avant fin Octobre, sans oublier aussi le texte sur les CRI (Centres Régionaux d’Investissement) afin de renforcer le cadre institutionnel capable de soutenir l’effort d’investissement et par conséquent, la création d’opportunités d’insertion/emploi, à la fois sur le plan national comme sur le plan local », souligne-t-il. Pour Mehdi El Fakir, sans un tel soutien, toutes les stratégies sectorielles (accélération industrielle, Maroc Vert,…) et la régionalisation avancée risqueraient de ne pas avancer, voire même de ne pas aboutir. Le troisième chantier est lié à la refonte du modèle de développement. Pour l’économiste, « il s’agit plus que jamais d’une nécessité vitale pour notre pays ». « L’approche court-termiste a démontré ses limites et les politiques basées sur l’urgence ne sont pas constructives. L’Exécutif devrait jouer son rôle d’animateur d’un débat national impliquant l’ensemble des parties prenantes et des forces vives de notre pays pour concevoir une vision de ce que devrait être le futur modèle économique et de développement afin qu’il soit inclusif et garantisse une distribution équitable et un développement durable. A mon avis, c’est ce chantier qui doit être la priorité des priorités », conclut Mehdi El Fakir.  

 
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