Regards croisés du secteur public et privé autour du modèle de développement marocain
Ouverture, ce jeudi à Skhirat, du colloque international sur le modèle de développement marocain. Organisé sous le thème « Quel modèle de développement pour l’entrée du Maroc dans le concert des pays émergents », ce colloque, réunit plus de 600 participants, dont des personnalités politiques nationales et internationales, des ambassadeurs, des experts internationaux, des opérateurs économiques, des universitaires et des acteurs de la société civile.
Organisé à l’initiative de l’Association des Membres de l’Inspection Générale des Finances (AMIF) en partenariat avec le ministère de l’Economie et des Finances, ce conclave de deux jours vise à lancer un débat scientifique et intellectuel autour de la question du modèle de développement. Au programme de cette manifestation, trois panels traitant du « modèle de développement marocain: état des lieux », des « expériences internationales de développement » et de « quel modèle de développement pour un Maroc émergent? ».
VERBATIM
Miriem Bensalalah Chaqroun, Président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM)
La Patronne des Patrons a fait une intervention choc lors de la séance inaugurale du colloque international sur le modèle de développement marocain. Après avoir remercié l’AMIF de l’avoir associé à un sujet fondateur et déterminant pour l’avenir du pays, Bensalah n’est pas partie par quatre chemins pour critiquer la situation économique actuelle du pays. Ce colloque sur le modèle de développement est presque une caisse de résonnance des réalisations de Sa Majesté depuis 17 ans. C’est une politique à long terme. Le Roi avait déjà posé la problématique du modèle de développement depuis son discours du 20 aout 2014. Le Souverain a déclaré depuis, que le Royaume avait pour vocation d’intégrer le club des pays émergeants. Malheureusement, pour intégrer ce club, il faut réaliser un niveau de développement élevé. Tout d’abord, il est nécessaire d’avoir un marché ouvert sur l’extérieur avec une grande composante industrielle. Il faut également des taux de croissance du PIB qui dépassent la moyenne mondiale. Sur l’ensemble, le Maroc a une note de 2 sur 5. Pour enfoncer le clou, Bensalah rappelle que le taux de croissance entre la période de 2007 et 2011 a été plus élevé avec une moyenne de 4,7% tandis que depuis 2012, les taux croissance ont été beaucoup plus faibles de ce qui a été réalisé dans la période précédente.
Les résultats des grands projets au niveau de développement ressortent malheureusement très faibles. Nous ne sommes pas encore au niveau de de l’émergence mais toujours un pays en voie de développement. Bien que notre pays a su bâtir une économie attractive et créatrice de valeur ajoutée au niveau local générant ainsi des ressources pour appuyer l’investissement étatique. Malheureusement, le modèle de notre économie s’est beaucoup trop appuyé sur la consommation intérieure avec un très grand rôle des importations. Cette politique n’a pas donné lieu à des résultats probants malgré le fait d’avoir créé des pôles d’excellence qui ne pèsent pas dans structure du PIB national.
Actuellement, nous remarquons une faible coordination autour des politiques publiques. La croissance ne sera forte sans se baser sur des ressources humaines à fortes valeurs ajoutées, chose qui pousse à renforcer le chantier de l’éducation et de la formation. Il également accorder une importance à la Recherche et Développement parce que chez nous seul 0,8% du PIB national est affecté à la R&D alors que la moyenne mondiale est de 2,1%.
Parallèlement, il faut se donner les moyens d’une vraie politique de lutte contre l’informelle. Le problème n’est pas dans les marchands ambulants mais dans les marchandises qu’ils vendent. Résultat : l’informel détruit systématiquement le tissu productif national.
Abdelilah Benkirane, Chef du gouvernement
Dans son allocution d’ouverture, le Chef du gouvernement a été plus calme que d’habitude. Il s’est présenté devant la salle avec un discours serein, conciliant sans faire aucune allusion de provocation à l’opposition quoique le président de la Chambre des Conseillers fût présent devant lui.
Le Maroc est le seul pays du monde arabe à avoir su concilier avec succès stabilité, sécurité et respect des droits de l’Homme et des libertés. On ne peut guère parler d’économie ou de modèle économique sans parler des fondamentaux que sont la sécurité et la stabilité. La clairvoyance de Sa Majesté, la contribution des partis politiques et des syndicats et la sagesse du peuple marocain ont permis au Royaume de surmonter les aléas du printemps arabe. La stabilité et la sécurité sont des éléments essentiels pour le succès de l’économie.
Il y a toujours la problématique des ressources financières. Il faut renforcer tout en allant chercher des ressources pour ne pas laisser le budget d’Etat prisonnier d’un certain nombre de dépenses déjà connues à l’avance. Il est en nécessaire de libérer les finances et de les consolider afin de financer de nouveaux projets et accéder à de nouveaux secteurs économiques, qu’aucune émergence économique n’est possible sans une industrie forte et bien structurée. Cela passe notamment par plus de facilités administratives au profit des entreprises. En effet, il faut d’alléger le rôle alloué à l’Etat en matière de création d’emploi en permettant aux jeunes de créer leurs richesses et de se lancer dans l’aventure de l’entreprenariat. Une chose qui permettra et ne pas affecter de gros budgets d’une façon automatique et structurellement im modifiable. L’argent public doit être investit là où il y a de la précarité et la pauvreté.
Il faut crée une homogénéité entre ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas. Parce que il y a des Marocains qui vivent encore dans la période préhistorique. Maintenant, la donne a changé. Ces même Marocains ont maintenant pris conscience des disparités qui existent.
Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des Fiannces
Si nous devons débattre sur le modèle de développement du Maroc, nous devront le faire d’une manière calme publique et sur échelle nationale et ne verser ni dans l’auto satisfaction ni dans l’auto flagellation. Les discours de Sa Majesté durant les dernières années ont ouvert la réflexion sur le modèle de développement. Il en ressort que la dignité du citoyen marocain reste le pilier central de l’ensemble des reformes. Nous parlons certes de modèle de développement mais nous ne savons pas s’il existe réellement ce modèle développement. Pour essayer d’étudier d’une façon objective ce volet, il faut aller sur un concept plus global du développement qui prend en considération les volets économiques, sociaux et culturels.
Il faut bien sûr améliorer le niveau du taux de croissance à travers des revenus individuels plus importants, une plus grande ouverture sur l’économie mondiale, le renforcement institutionnels et bien évidement une concentration sur l’industrialisation et une réhabilitation du capital humain. Le Maroc a réalisé tout en accumulant un certain nombre d’acquis notamment en matière du renforcement du processus démocratique et d’un certain nombre de stratégies sectoriels et de projets structurants.
Fouzi Lakjaâ, président de de l’Association des Membres de l’Inspection Générale des Finances (AMIF)
Le président de l’AMIF a détaillé un long exposé sur l’état de l’économie actuel en mettant en relation la question du développement et celle de la sécurité du développement humain. Malgré les difficultés que connait l’économie marocaine, celle-ci a pu faire preuve de résilience et faire face à la crise avec notamment l’accumulation des réformes et des projets. Ces derniers ont ouvrir la voie effective vers une économie verte, vers l’allègement de la dépendance énergétique et vers de nouveaux partenariats à l’instar de ceux réaliser récemment avec les pays du Golfe, la Russie et de la Chine.