L'édito

Rentrée à hauts risques

 

 

C

’est sous le signe du brouillard que
s’opère la rentrée politique. Les
négociations entre le PJD et le RNI
traînent en longueur. On ne sait toujours
pas, de manière certaine, si cette alliance
va voir le jour. Ce n’est pas une situation
anodine parce que l’exécutif a sur la table
des dossiers brûlants. La conjoncture
économique est mauvaise et le patronat
attend des mesures en faveur de la relance.
Le monstre du Loch Ness, la Caisse de
Compensation attend toujours la réforme
promise. L’infl ation menace le pouvoir
d’achat des plus faibles. Les défi cits
s’accentuent de manière dangereuse,
menaçant la crédibilité fi nancière de
l’Etat. Une bombe est posée, elle s’appelle
les Caisses de Retraite dont la réforme, le
sauvetage, ne peut souffrir aucun retard,
sous peine d’une explosion sociale. Dans
ce contexte, l’indécision politique est un
élément hautement perturbateur qui
risque de gripper la machine et d’aggraver
la crise, au lieu de se donner les moyens
d’en sortir.

 

I

l faut se poser des questions sérieuses
sur le syndicalisme marocain. Une
entreprise allemande a fermé ses portes
à Bouznika. Alors qu’elle est en crise, le
syndicat majoritaire « la CDT » a choisi
le confl it social. Habitués au syndicat
partenaire, les Allemands ont préféré
arrêter les frais. Des centaines d’emplois
sont perdus et c’est une contre-indication
pour les investisseurs étrangers.
L’on se souvient que la fermeture de
Jerrada avait été précipitée par un confl it
social très dur en refus d’un plan social qui

 

prévoyait de sauvegarder les deux tiers des
emplois. La société a été liquidée plongeant
toute une région dans la précarité.
Les syndicats sont importants en
démocratie. Par leur action, la défense des
intérêts des travailleurs, ils sont un acteur
du progrès social. Mais, placés sous la
tutelle des partis politiques, ils obéissent à
un agenda peu en lien avec leur rôle social.
Partager la valeur ? Mille fois oui, mais
encore faut-il la créer. Le syndicalisme ne
peut pas nier la rigueur comptable. Une
entreprise qui perd de l’argent ne peut pas
augmenter sa masse salariale, c’est aussi
bête que ça.

 

L

a frappe contre la Syrie, le
déchirement en Irak, les convulsions
en Libye, la guerre contre le Boko
Haram au Nigéria poussent les prix du
pétrole vers la hausse. Les spécialistes
situent le baril, durant le pic de l’hiver,
entre 130 et 150 dollars US. C’est une
vraie mauvaise nouvelle pour le Maroc.
La Caisse de Compensation ne peut
pas supporter une telle variation sans
creuser encore plus le défi cit budgétaire.
La hausse des prix à la pompe est
risquée politiquement, mais aussi
économiquement parce qu’en alourdissant
les charges, elle crée des tensions
infl ationnistes. Le Ministre de l’Energie
est démissionnaire, il n’a pas la possibilité
de prendre des décisions stratégiques, la
patate chaude sera refilée à son successeur.
Le fl ou politique a un coût pour l’économie.
Il pèse lourdement sur une rentrée déjà
fort compliquée. ■

 

 
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