« Rentrée chahutée » par ( Jamal Berraoui )
Le gouvernement est au complet, tous les Ministres ayant repris après des vacances très courtes. Ils doivent faire face à des dossiers brûlants. Encore une fois, la politique politicienne va s’imposer. On risque de parler plus de la question des cumuls. Le projet du Ministre de l’Intérieur prévoit le non cumul entre un mandat de Maire et celui parlementaire. Cette mesure existe dans nombre de pays et chaque fois qu’elle a été adoptée elle a suscité les mêmes remous, les élus défendant leurs rentes.
Il y a pourtant un vrai débat, celui de l’ancrage des parlementaires et de leur contact avec les électeurs.
Ce n’est en rien le dossier le plus important de la rentrée. La réforme des retraites est le challenge du gouvernement Benkirane. Il a reçu un soutien de poids, celui du Roi dans un discours à la Nation. Mais les négociations avec les syndicats seront très rudes. On va demander aux salariés d’augmenter les cotisations, de retarder l’âge de la retraite sans contrepartie autre que le maintien des caisses de retraite. Et pourtant il n’y a pas d’autres issues et plus on tarde à réformer, plus l’ardoise s’alourdit. Cette réforme, pour ne pas être la première d’une série, doit s’attaquer à la gestion des retraites qui est problématique, les rendements des différents systèmes étant très faibles.
Ensuite le gouvernement doit faire face à ses engagements en matière fiscale. La lettre de cadrage de Benkirane n’en parle même pas, alors que le patronat attend des mesures dans la prochaine loi de finance. Ces engagements ont été pris lors des assises. Il s’agit de crédibilité, la concertation n’a de sens que s’il en sort des décisions transformées en politiques publiques.
La préparation des élections est importante bien sûr, mais elle n’est pas la préoccupation essentielle des Marocains. La hausse des prix, le ralentissement de l’activité les intéressent plus. Le gouvernement Benkirane n’est pas responsable de la conjoncture, mais il est comptable des réponses qu’il y apporte. Le patron du PJD peut fanfaronner tant qu’il veut sur le soutien populaire si son gouvernement n’améliore pas le quotidien des électeurs, ils le bouderont.