Reportage : Dans les coulisses de l’usine de PSA à Kénitra
Un mois après son inauguration par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’usine marocaine du Groupe PSA à Kénitra est fin prête pour pleinement amorcer la production de la nouvelle Peugeot 208. L’occasion pour une poignée de journalistes locaux, à l’invitation de PSA Maroc, d’effectuer une visite guidée de cette plateforme industrielle flambant neuve qui entend rayonner dans le Royaume et sur bien d’autres marchés à l’export.
C’était en juin 2015 ! Un accord prévoyant la construction d’une usine dans la commune d’Ameur Seflia, dans la région de Kénitra, avait été parafé sous la Présidence de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en présence de Carlos Tavares, Président du Directoire du Groupe PSA et de Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique. Une plateforme qui prévoyait d’assembler dès 2019 des moteurs et des véhicules couvrant les besoins des clients marocains et des régions périphériques. Un planning scrupuleusement respecté et plus qu’atteint, comme le rappelle un tableau chronologique judicieusement placé dans la salle d’accueil de l’usine, évoquant les différentes étapes depuis sa construction jusqu’à sa finalisation. Une salle où nous avons été reçus par Jean-Christophe Quemard, Directeur de la région Moyen-Orient Afrique et membre du Directoire du Groupe PSA et par Rémi Cabon, Directeur du projet PSA Maroc. «Nous n’avons pas pour habitude d’ouvrir les portes de nos plateformes à la presse. Mais nous avons considéré que c’était une belle opportunité de vous expliquer en toute transparence où nous en sommes avec ce projet d’envergure et quelles sont nos attentes futures», tient à nous préciser Jean-Christophe Quemard. Précautions obligent, outre les conseils de sureté qui nous ont été prodigués par le staff, quelques éléments de sécurité nous ont été distribués (casquette, lunette de protection, gilet orange et chaussures renforcées) pour pouvoir effectuer sereinement notre visite. Et nous voici partis !
Dans la salle d’accueil de l’usine, la nouvelle Peugeot 208 est exposée aux yeux des visiteurs. Jean-Christophe Quemard (à gauche), Directeur de la région Moyen-Orient Afrique et membre du Directoire du Groupe PSA et Rémi Cabon, Directeur du projet PSA Maroc nous ont chaleureusement accueillis.
Une production revue à la hausse
Une fois le portique de sécurité franchi, nous empruntons une allée piétonne pour nous rendre à l’intérieur de l’usine en compagnie de Rémi Cabon. L’occasion pour le Directeur du projet PSA Maroc de nous donner quelques précisions sur le volume de production actuel du site : «pour le moment, une vingtaine de véhicules seulement est assemblée chaque jour, mais nous prévoyons d’atteindre une capacité journalière supérieure de 300 véhicules d’ici la fin de l’année». Faut-il préciser que les objectifs de productions ont été revus à la hausse, l’usine affichant une capacité annuelle de 100 000 véhicules. Mieux, le lancement des travaux d’extension de ce complexe industriel de dernière génération a été effectué récemment, sa capacité devant être doublée avant 2023, date prévue pour la réalisation de cet objectif. Ce qui permettra, selon le staff, de générer à terme environ 4 000 emplois. Pas de surprise non plus quant au véhicule fabriqué sur place, à savoir la nouvelle Peugeot 208 dans ses versions essence et diesel, voire électrique si la demande l’exige. Un exemplaire exposé dans la salle d’accueil se laisse admirer par les visiteurs occasionnels. Et puisque l’on évoque cette citadine, pas de doutes à avoir selon le staff s’agissant de la clientèle, «la Peugeot 208 construite localement bénéficiera du même niveau d’exigence en termes de conception et de qualité d’assemblage que ses homologues européens», nous répond M. Cabon. Entre temps, Jean-Christophe Quemard, qui nous a rejoints, précise en préambule à notre visite, qu’au sein de l’usine, 1 000 personnes travaillent. Un peu plus de 1 600 devraient y œuvrer en fin d’année, voire 2 500 à la fin 2020». Et il ajoute : «sachez tout de même que deux équipes se relaient au sein de l’usine».
Précautions obligent, les conseils de sécurité nous ont été prodigués par le staff.
Des collaborateurs bien formés
Histoire de planter le décor, Jean-Christophe Quemard nous adresse ses mots : «nous amorçons le démarrage de cette usine nouvelle avec de nouveaux employés qui planche sur un produit nouveau produit». Et de poursuivre : «vous imaginez le challenge ?». De quoi nous interroger sur la formation dispensée notamment aux techniciens qui composent les différentes chaînes d’assemblage. Selon Rémi Cabon, trois semaines de formation théorique et deux semaines en condition pratique de travail sont nécessaires aux opérateurs pour être habilité. Faut-il souligner que PSA, dans cette perspective de formation, dispose de plusieurs partenariats avec des organismes de formation dont l’IFMIA, l’OFPPT et les universités pour le sourcing. Nous voici partis quasiment en file indienne histoire de rester dans les couloirs de sécurité délimités par des bandes blanches au sol et ainsi découvrir en toute sécurité quelques étapes phares dans le processus de fabrication de cette nouvelle Peugeot 208.
Zone de métrologie
Notre visite commence par la zone de métrologie. Elle permet d’effectuer le contrôle et l’expertise technique des pièces mécaniques en s’alignant sur un référentiel précis édicté par le constructeur. Quelques pas nous suffisent pour arriver à l’atelier d’emboutissage.
Zone d’emboutissage
Un atelier qui accueille d’énormes presses qui modélisent via des tôles d’acier toute une série d’éléments de carrosserie (capot, ailes, flancs, pavillons…) et qui seront, par la suite, assemblés sur la nouvelle plateforme CMP du groupe PSA et qu’étrenne la 208. «Les tôles à emboutir nous sont livrées quotidiennement», nous précise Cabon. Et d’ajouter : «nous disposons d’un jour de stock entre l’emboutissage et le ferrage». Par ailleurs, il nous est indiqué que le taux de robotisation dans l’usine est de l’ordre de 20%, pour l’instant, et que le reste de l’assemblage se fait manuellement.
L’emboutissage permet de modéliser via des tôles d’acier toute une série d’éléments de carrosserie.
Zone de ferrage
Il s’agit d’assembler par soudures les composants entre eux pour former une caisse. «Vous assistez-là à la conformation. Elle consiste au positionnement de l’ensemble des pièces et recourt notamment à la technique de soudure au laser par points», ajoute notre interlocuteur. Une fois cet assemblage définitif effectué, la Peugeot 208 est fin prête pour passer au stade de la peinture.
Zone de peinture
Nous n’avons pas visité l’atelier de peinture, car il nécessite des conditions d’accès spécifiques en matière d’équipement de protection et de propreté. Mais nous y apprenons que la caisse, avant de passer dans cet atelier, bénéficie notamment d’un traitement de surface, d’un lavage, d’un dégraissage, d’une protection contre la corrosion.
«Une fois les pièces traitées par cataphorèse, il ne reste plus qu’à les rincer et à les passer au four afin de polymériser la peinture». Précise Cabon.
Après la phase peinture, l’assemblage demeure une étape déterminante dans l’élaboration de la 208.
Zone de montage et d’assemblage final
«Pour chaque voiture, nous disposons de kit de pièces et de composants intérieurs et extérieurs qui vont être assemblés par les opérateurs après la phase de peinture», nous détaille Rémi Cabon. S’en suivra un contrôle de la qualité. En effet, les 208 sont auscultées, et contrôlées sous toutes leurs coutures. Les techniciens en profitent pour effectuer plusieurs types de réglages, dont ceux du parallélisme, des optiques… Un roulage unitaire sur une petite piste asphaltée attenante à l’usine est systématiquement effectué. Une fois que tout est conforme, les véhicules sont en phase d’expédition, une partie étant dévolue au marché local quand l’autre est réservée à l’export.
Les Peugeot 208 sont auscultées et contrôlées sous toutes leurs coutures. Les techniciens en profitent pour effectuer plusieurs types de réglages.
L’excellence du «Made in Morocco»Notre visite qui aura duré un peu moins de deux heures s’achève dans le hall d’accueil où les journalistes et le staff de PSA en ont profité pour s’adonner au jeu des questions-réponses. Nos interlocuteurs en profitent pour nous donner de plus amples informations et autres chiffres relatifs à l’usine et à l’écosystème qui s’y rattache ! On y apprend que 27 nouvelles plateformes se sont déjà installées à Kénitra. «Les achats par PSA de pièces fabriquées au Maroc ont atteint plus de 700 millions d’euros pour l’année 2018, bien au-dessus des prévisions», a précisé Jean-Christophe Quemard. Par ailleurs, le taux d’intégration locale de 60% au démarrage du projet devrait grimper à terme à 80%. Il y a fort à parier que la stratégie de PSA qui consiste à mettre progressivement en œuvre une capacité de production de véhicules au cœur de la région pour servir notamment les marchés en Afrique et au Moyen-Orient sera payante. Selon le staff local du constructeur automobile français, le potentiel de développement sur ces marchés est estimé à 8 millions de véhicules à l’horizon 2025. De quoi faire de la région Afrique et Moyen-Orient le troisième pilier de croissance rentable de PSA.