Blog de Jamal Berraoui

Responsabilités ( Par Jamal Berraoui )

Deux malades mentaux ont mis le feu dans un hôpital psychiatrique et y ont perdu la vie. Ce drame est un accident qui peut arriver n’importe où. Cela ne nous dispense pas d’une véritable évaluation des institutions psychiatriques. L’une des insuffisances constatées depuis longtemps est le manque de personnel. La nature des malades, souvent agités, dangereux pour eux-mêmes et pour les autres nécessite un taux d’encadrement très élevé et un personnel hautement qualifié. Ce n’est pas le cas.

Jamal Berraoui
Jamal Berraoui

A Berrechid pendant très longtemps, des malades dits chroniques, abandonnés par leur famille erraient à l’intérieur de l’hôpital. Stabilisés, ils ont été remis à leurs proches. Mais les médecins, les psychiatres travaillant à Berrechid ont souffert de ne pouvoir, à la fois assurer l’ambulatoire et la prise en charge de ces malades dits chroniques.

Les médico-légaux sont un autre problème, les infirmiers n’étant pas formés pour jouer aux gardiens.

On ne peut pas nier que les pouvoirs publics ont fait un effort concernant la santé mentale. La capacité d’accueil a été démultipliée, les services spécialisés implantés un peu partout évitant la concentration autour de Casa – Berrechid – Salé.

Cela reste insuffisant, parce que des affections nouvelles sont apparues, que la structure familiale est de moins en moins tolérante et que les addictions se multiplient.

L’effort sur le recrutement du personnel paramédical est encore plus insuffisant. On ne peut pas avoir le même taux d’encadrement qu’un service de pédiatrie en psychiatrie. C’est pourtant ce qui arrive.

Cette réalité-là n’est pas citée pour blanchir les infirmiers de Marrakech. Il est évident que l’enquête administrative doit être effectuée dans les règles de l’art et si des responsables sont mis en cause, ils doivent assumer. Car, on peut s’étonner de voir que des aliénés avaient accès au feu et que l’intervention n’a pas pu les sauver, ni éteindre le feu avant qu’il ne consume les deux malades.

N’empêche, qu’il faudra poser le problème des moyens mis dans la santé mentale. Ceux qui ne sont pas pris en charge se retrouvent dans nos rues. En majorité, ils ne sont pas dangereux, mais ils peuvent l’être. Les psychotropes ont aggravé le phénomène et l’on voit une population de plus en plus jeune totalement déclassée. L’Etat a le devoir de donner à la santé publique les moyens de les prendre en charge.

 
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