Retraites : C’est parti par ( Jamal Berraoui )
C’est aujourd’hui même que le Conseil d’Administration de la Caisse Marocaine des retraites, celle des fonctionnaires civils, se réunit. Le gouvernement sera donc obligé de dévoiler ses propositions avant que ce régime ne s’écroue. On peut regretter qu’il le fasse de cette manière, presqu’en catimini et surtout que la réforme des retraites se fasse par compartiment, régime par régime. Mais il était urgent de réagir.
Au moment où j’écris ce billet, rien n’a filtré. Mais l’on sait que les deux variables que sont l’âge de départ à la retraite et le taux de cotisation seront touchés.
La position des syndicats, « ne pas toucher aux acquis des actifs et des retraités » est tout simplement intenable. Cela se traduirait par l’application des nouvelles mesures uniquement aux recrues. Cela ne résoudrait rien et acculerait le système à la faillite.
Par contre, on peut les soutenir sur un point, celui du salaire de référence. Le gouvernement voudrait que les dix dernières années soient prises en compte. Ipso-facto, les pensions diminueront créant une injustice entre ceux qui sont partis en 2013 et ceux qui partiront dans l’avenir.
Concernant la CMR, le patron c’est l’Etat lui-même. Soit dit en passant, il a été un très mauvais patron pendant longtemps puisqu’il ne payait pas les cotisations. Mais pour les autres régimes, en plus des syndicats, il doit convaincre le patronat. Le privé moderne n’est pas asocial, il assure même des retraites complémentaires à ses salariés. Les charges sociales sont une variable importante chez les PME à faible valeur ajoutée, c’est là où cela risque de grincer.
Je trouve un peu facile d’incriminer uniquement l’exécutif actuel, sur ce dossier des retraites. Il traîne depuis trois ans, alors que les études actuariales étaient des plus alarmistes. Le gouvernement Abbas El Fassi avait promis la réforme pour 2010. Les événements politiques, l’indécision légendaire d’El Fassi ont laissé le dossier pourrir.
Abdelilah Benkirane pourrait avoir de larges soutiens, y compris dans l’opposition, à condition que la réforme soit équitable et assure la pérennité. La pire des choses, c’est d’opter pour une réformette qui ne fasse que retarder l’échéance. Encore faut-il que le Chef du gouvernement arrête d’alimenter les tensions.