Blog de Jamal Berraoui

Safi réclame justice ! par ( Jamal Berraoui )

Ma ville natale a été victime d’une marginalisation qui a duré des décennies. Certains y voient une punition pour son passé rebelle, d’autres juste une malédiction. En toute objectivité on peut affirmer que plusieurs projets structurants sont lancés. Le nouveau port, l’autoroute ne sont que la partie visible de l’iceberg.
Cependant, le problème de Safi ce sont ses élus. La même famille, issue de Sebt Gzoula et non pas de cette ville, l’une des plus anciennes du Maroc, avec une forte tradition andalouse, détient tous les postes. La sœur est présidente de la Commune de Sebt, le frère cadet est président de la Mairie de Safi, le frère aîné est président de la Province.
Mohamed Hassad a personnellement arrêté un marché scandaleux. Un homme d’affaires a pu acquérir, sans appel d’offres, de gré à gré, 7 hectares au prix de 20 dh le mètre carré. Vous ne serez pas étonnés si je vous dis qu’il a des liens familiaux avec ceux qui, grâce à la ruralisation des villes, se sont retrouvés aux commandes de Safi. C’est une affaire de milliards.
Alors, on fait quoi ? Selon les indiscrétions que j’ai pu recueillir on se dirige vers l’annulation de la vente et l’annonce de l’appel d’offres et basta. Cela ne satisfait pas les safiots et à titre personnel, cela m’écœure.
Parmi les élus de Safi certains ont détruit l’environnement et se sont enrichis en volant le sable. Leur patron est toujours parlementaire, il est passé par 3 partis différents, achète les voix des bidonvillois et se targue d’être « intouchable parce que celui qui lève les yeux, je le gifle avec un paquet de billets ». 
Jamais élu safiot n’a été mis en prison. La police, la Direction des affaires générales, la DST, connaissent tout ce qui se dit, sur les agissements des élus. Avantages des élus, ils sont couchés devant l’administration territoriale, ils obéissent docilement contre l’impunité, c’est ce deal qui a tué la ville.
L’histoire du terrain va être enterrée comme les autres, c’est la certitude que partagent les safiots. Si c’est le cas, cela voudrait dire que l’Etat a livré cette ville à la mafia. Je ne peux m’y résoudre, par conviction démocratique, mais aussi par amour pour cette ville. Dans les années 60, la jeunesse pratiquait le ski nautique, le karting. Safi avait les plus fortes moyennes aux examens nationaux, la ville était propre. 
Qu’ont-ils fait de cet espace de tolérance, de solidarité, de respect de soi et des autres ? Une non-ville décadente anarchique, violente, hideuse. Au nom de tous les safiots, je réclame justice. Libérez notre  ville !

 
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