Sahel : le Maroc considère les djihadistes comme un aimant pour les cellules locales
Les groupes djihadistes de la région voisine du Sahel, qui recrutent et forment leurs adeptes en ligne, représentent la plus grande menace terroriste du Maroc, selon le chef de l’agence de lutte contre le terrorisme.
Bien que le Maroc n’ait connu qu’une seule attaque majeure au cours de la dernière décennie (le meurtre de deux touristes scandinaves en 2018), sa situation géographique « en fait une cible pour les groupes sahéliens. La menace terroriste persiste tant qu’il y aura des groupes qui recrutent et forment leurs partisans en ligne, y compris l’État islamique dans le Grand Sahara », a expliqué Haboub Cherkaoui, directeur du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ).
Lire aussi | La Chambre des représentants adopte deux projets de loi sur les échéances électorales
Depuis sa création en 2015, le Bureau a démantelé des dizaines de cellules terroristes et arrêté plus d’un millier de djihadistes présumés, a-t-il précisé. Ces chiffres témoignent du risque terroriste persistant sur le Maroc après que la montée en puissance de l’État islamique en Syrie et en Irak lors de la dernière décennie ait provoqué une recrudescence de l’activité djihadiste qui persiste même après la défaite du groupe dans son centre au Moyen-Orient. L’État islamique s’est recentré sur la région du Sahel et avec d’autres groupes djihadistes, il a profité des frontières poreuses et des réseaux de trafiquants. Le Niger et le Mali ont tous les deux combattu des insurrections militantes tandis que la guerre civile en Libye a créé un espace où les groupes djihadistes ont pu opérer, a ajouté le responsable.
Lire aussi | Maroc : 18 pays sur la liste noire
Le Maroc est également préoccupé par le fait que certains de ses ressortissants qui ont rejoint l’État islamique au Moyen-Orient pourraient avoir déménagé au Sahel, a noté Haboub Cherkaoui. Au total, 1645 marocains ont rejoint des groupes djihadistes en Syrie et en Irak, dont 745sont morts dans des attentats suicides ou au combat. La plupart des 1645 se sont battus pour l’État islamique. Parmi les survivants, 270 sont rentrés au Maroc et 137 ont été poursuivis, a indiqué le directeur, ajoutant que 288 femmes et 391 mineurs se sont également rendus dans les zones de conflit, suivant leur principal pourvoyeur de revenus. La loi marocaine punit jusqu’à 10 ans ceux qui rejoignent des groupes djihadistes à l’étranger. Le Royaume a offert des renseignements qui ont aidé à arrêter des djihadistes ou à déjouer des attaques en France, en Belgique, en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Burkina Faso, au Sri Lanka et récemment aux États-Unis, a ajouté Haboub Cherkaoui. « Notre succès dépend du partage continu des renseignements avec nos partenaires », a précisé le directeur.
Avec Reuters