Agro-Industrie

Saiss Lait : un autre industriel fassi qui a mal tourné 

A la veille de leur quatrième Aid El Kébir sans salaire, les employés de la Société Laitière Centre du Nord, plus connue sous le nom «Saïss Lait», voient de plus en plus s’évaporer leurs espoirs de ne pas sortir totalement bredouille de la mésaventure de leur ex-employeur.

Alors qu’une avalanche d’actions judiciaires initiées au lendemain de l’arrêt d’activité en 2016 de cet ex-franchisé marocain du géant français Yoplait, viennent d’aboutir ces derniers mois à des ventes aux enchères au bénéfice des créanciers « privilégiés », i.e. disposant de suretés et/ou d’hypothèques, l’assiette d’actifs réalisables et potentiellement utilisables pour le remboursement du passif chirographaire, notamment la dette sociale (salaires impayés notamment) qui y passe en premier lieu, rétrécit comme une peau de chagrin. C’est dire que la centaine de salariés que la déconfiture de cet ex-fabricant de produits laitiers et dérivés sous la célèbre marque à la fleur a laissés sur le carreau, n’auront bientôt que leurs yeux pour pleurer quand sera parachevé le démantèlement en règle de ce qui fut, à une époque pas très lointaine, un des fleurons industriels de la région de Fès, qui a disparu comme tant d’autres dans cette région où l’industrie est de plus en plus sinistrée.

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Il faut aussi rappeler que la marque Yoplait, numéro deux mondial du yaourt, n’a jamais eu la main heureuse au Maroc ! Depuis 1981, année de sa première implantation dans le royaume, le groupe français, contrôlé depuis 2011 par l’américain General Mills, a multiplié les partenaires lors de parenthèses peu concluantes alors qu’en parallèle d’autres aventures africaines se sont avérées beaucoup plus pérennes.

Fort de son adossement au gestionnaire de fonds d’investissement Afric Invest qui en avait repris le contrôle dès 2007, Saiss Lait semblait disposer de tous les atouts pour relancer, une fois pour toutes, la marque Yoplait sur un marché que le top management du groupe éponyme considérait comme étant « prioritaire ». Toutefois, deux ans à peine après son lancement effectif en juin 2015, Saiss Lait était déjà au bord de la faillite et avait englouti un investissement de plus de 100 millions de dirhams ! 

Selon un ex-dirigeant qui a préféré garder l’anonymat, l’actuel maitre des lieux, en l’occurrence le groupe MRDG n’a jamais eu de plan de relance ou de sauvetage au moment de la reprise de l’affaire auprès d’Afric Invest (lequel a préféré quitter précipitamment le navire en plein naufrage en 2016). D’ailleurs, il n’a jamais remis un seul dirham depuis ! Son seul intérêt dans cette reprise qui lui a coûté un dirham symbolique, c’était de mettre la main sur l’assiette foncière de l’usine qui avait pris une belle plus-value au fil des ans. Ceci ne pouvait que réserver un triste sort pour les 129 salariés qui y travaillaient et le millier d’agriculteurs qui approvisionnaient la société juste avant la débandade.

 
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