Salon du livre de Paris : le Maroc à livre ouvert
Du 24 au 27 mars 2017, la grande fête du livre, le Salon du livre, rebaptisé Livre Paris, ouvre ses portes au Maroc. Premier pays africain et arabe à faire partie de la tournée mondiale des pays invités d’honneur, le Royaume profite de cette occasion pour célébrer sa richesse millénaire, sa diversité et son ouverture sur le Monde.
A relire, par exemple, les écrits de Charles Penz, notamment « Les Rois de France et le Maroc », où les diverses relations d’ambassadeurs, voyageurs et autres, de part et d’autre, on est ébloui par l’ancrage dans un passé ô combien lointain des relations franco-marocaines. La culture et ses diverses facettes, littérature, peinture, cinéma, musique…, reste le meilleur des moyens de rapprocher les peuples et un atout diplomatique indéniable. C’est ce qu’ont compris les deux pays qui ne cessent de célébrer leurs richesses culturelles via leurs ministères de Culture et autres centres culturels. Dans l’attente de l’ouverture du premier centre culturel marocain en France, boulevard Saint Michel à Paris, on peut évoquer les derniers grands moments culturels marocains en France sans remonter à Présences marocaines de Grenoble en 1985 ou à l’année du Maroc en 2000 : « Le Maroc médiéval, un empire d’Afrique à l’Espagne », grande exposition abritée par le Louvre, « Le Maroc contemporain » à l’Institut du Monde Arabe », l’expo des invalides… Il n’est donc pas étonnant que le Royaume soit le premier pays arabe et africain à être invité d’honneur de l’un des salons les plus courus de par le monde, le salon du livre de Paris, Livre Paris, qui a drainé l’année dernière pas moins de 15.5000 visiteurs. Une vitrine que le Maroc va utiliser pour promouvoir ses écrits et, au-delà, son ouverture sur le monde et sa modernité, bref son exception.
Dans le cadre du Salon, trois concerts sont organisés justement pour donner à voir cette diversité, tolérance et ouverture. Le 21 mars 2017, les murs de la salle Gaveau ont vibré aux sons et rythmes judéo-marocains avec Karoutchi, Neta Elkayam et autre Najat Rajoui. Pour la clôture, le public est invité au concert Gnaoua, festival tour 2017, avec des fusions originales, au Bataclan. Un événement, mais aussi une solidarité avec les victimes de l’attentat qui a ensanglanté le lieu mythique. Quant au concert d’ouverture, qu’a accueilli l’Eglise Saint Germain des Prés le vendredi 17 mars 2017, ce fut un grand moment émouvant avec l’orchestre philharmonique du Maroc, dirigé par Jean Claude Casadesus. Et surtout cette création réunissant l’appel à la prière musulmane, des chants spirituels hébraïques, entonnés par la voix ensorceleuse de Françoise Atlan, et l’Ave Maria par Caroline Casadesus. Des religions à l’unisson au moment où l’Europe et le monde arabe sont hantés par les sirènes identitaires du repli sur soi et du refus de la différence.
Un pavillon à l’image d’une dynamique
Depuis l’invitation du Maroc par les organisateurs du salon et la signature d’une convention à cet effet à Casablanca, les responsables du ministère de la Culture et la délégation du livre se sont mis à la tâche pour une présence et une présentation digne du foisonnement intellectuel, mais aussi sociétal du pays. On confie le commissariat à Younes Ajarraï, qui a roulé sa bosse au sein des associations marocaines à l’étranger, au Conseil des Communautés Marocaines à l’Etranger et du Conseil National des Droits de l’Homme. C’est lui aussi qui assura le commissariat de plusieurs éditions du Salon du livre de Genève. Entouré de l’équipe du ministère, des diverses partenaires, éditeurs et autres, il fait appel à des professionnels pour concevoir un concept, un pavillon à la fois moderne et ancré dans l’imaginaire de notre patrimoine et culture. Tarik Oualalou, qui avait déjà conçu la tente sur le parvis de l’IMA pour le Maroc moderne, des biennales dont celles de Venise, nous convie à l’appréciation d’un pavillon de 450 ,m² tout en bois naturel, modulable, respectant l’écologie et l’esprit de la lettre et de l’écrit. Le visiteur y découvre plusieurs espaces, publics et privés, dont la grande librairie et amphithéâtre, conçus dans l’esprit de l’agora et de la Halka, longtemps emblème de nos places publiques, de la fête, du conte et du débat. Qui dit bois dit pâte à papier ! Sur les façades, le public peut détacher des feuilles volantes et constituer son petit livre, souvenir qu’il gardera et du salon et du Maroc. Côté visuel, ce qui revient, c’est un marque-page avec une identité visuelle faisant appel aux calligraphies Amazighe, Tifinagh, arabe et latine, un clin d’œil à la diversité linguistique et culturelle du Royaume. Le slogan est bien trouvé, « Le Maroc à livre ouvert »…Une invitation à la découverte, au débat, mais surtout une promotion des derniers acquis démocratiques du pays : liberté d’expression, place de la femme, respect de le différence ethnique, linguistique…. Bref une présence dans l’esprit du préambule de la dernière constitution.
Une programmation riche et diversifiée
Un Salon c’est des livres exposés. Le public est convié à la découverte de pas moins de 3000 titres dans diverses langues proposées par pas moins de 42 éditeurs, 21 institutions et 13 maisons d’édition françaises éditrices d’auteurs marocains. Plusieurs espaces dont la scène littéraire ou Espace rencontres abriteront une infinité de rencontres, débats et autres signatures. Pas moins d’une centaine de femmes et d’hommes, entre écrivains, essayistes, éditeurs, libraires, ont fait le déplacement à la rencontre du public parisien et des visiteurs du Salon. Un Salon c’est aussi le business. Des journées entre professionnels et éditeurs du livre sont au programme. Le Salon c’est aussi une infinité d’initiatives hors les murs avec des tournées des écrivains marocains à travers les villes françaises et la banlieue, des hommages, des récitals de poésies, des projections de films et autres expositions.
Demandez le programme !
Dans un entretien avec Jeune Afrique, Younès Ajarraï, commissaire du salon, évoque l’organisation et les retombées de l’événement sur le secteur du livre au Maroc. Fragments :
« Le Maroc est depuis longtemps candidat à Livre Paris, comme beaucoup d’autres pays d’ailleurs. Le ministère marocain de la Culture, les éditeurs, les amis du Maroc ont toujours œuvré dans ce sens. Une opportunité s’est présentée cette année lorsque le Syndicat national de l’édition (SNE) et les organisateurs de Livre Paris ont sollicité le ministère pour faire du Maroc l’invité d’honneur 2017 du Salon. Et cela s’est fait. »…. « Maroc à livre ouvert » est la thématique retenue pour cette présence marocaine à Paris et en France. Au-delà de l’accroche, il s’agit d’une invitation à venir voir, entendre et échanger avec ce Maroc et ses invités, de manière franche, amicale et ouverte. S’il devait rester une seule chose de cette manifestation entre les lettres marocaines et françaises, je forme le vœu de voir se mettre en place un véritable partenariat durable autour de la question de la traduction. Nous pouvons ainsi imaginer un fonds dédié à la traduction, des bourses attribuées à des étudiants en traduction, des aides à destination des organismes de recherche en la matière, etc. Traduire des auteurs et des histoires, c’est traduire des univers, des imaginaires, des sensibilités. C’est donner au public la possibilité de découvrir l’autre, de le connaître, de le comprendre et donc de le respecter. Par les temps qui courent, il s’agit d’une œuvre urgente de salubrité publique.»
Des manuscrits à l’IMA
Sous le haut patronage de sm Mohammed VI, l’Institut du Monde Arabe, abrite une fabuleuse exposition réunissant les « Splendeurs de l’écriture au Maroc, manuscrits rares et inédits », ainsi du 22 mars au 6 avril 2017. Une exposition concoctée par la direction des Archives royales, institution qui nous convia au Maroc Médiéval au Louvre et à l’exposition des invalides. Parmi les trésors dévoilés, un coran sur parchemin, copié daté du IXème siècle, un évangile traduit en arabe, conservé à la bibliothèque de la Qaraouiyyine, la plus ancienne du monde, et un rouleau de la Torah écrite sur parchemin. Trois livres, trois manuscrits, trois religions. Décidément, la tolérance du Royaume est ancrée.
Pour plus d’informations : www.livreparis.com
Livre Paris, porte de Versailles
Vendredi 24 mars de 10h à 20h
Samedi 25 mars de 10h à 20h
Dimanche 26 mars de 10h à 19h
Lundi 27 mars de 9h à 19h