Save Marrakech se fait entendre
Depuis décembre 2012, le groupe Save Marrakech fait le buzz sur la toile en dénonçant les divers abus qui dégradent la ville ocre, poubelles qui débordent, trottoirs squattés anarchiquement par les commerçants, ordures jetées dans la palmeraie, gaspillage de l’éclairage public, affichage publicitaire clandestin…
Créé par Zineb Laraki, le groupe Save Marrakech qui comprend aujourd’hui près de 2000 membres, avec une augmentation constante, vient d’être repris par Saad Alami et Abdelhamid Loutati qui continuent à publier des photos commentées prises sur le vif et engagent nombre de discussions destinées à trouver des solutions pour remédier à la dégradation exponentielle que subit Marrakech. Discussions, mais aussi actions concrètes comme cette opération « Marrakech propre » qui a mobilisé la conscience et l’énergie des citoyens marrakchis en les incitant à nettoyer les lieux publics jonchés de déchets.
« Nous assistons impuissants à un paysage qui se banalise, explique Abdelhamid Loutati, et la ville est aujourd’hui otage de rapports de force qui nous dépassent, et qui font de nous, habitants, visiteurs et amoureux de Marrakech, les véritables victimes d’un manque cruel d’initiatives. En dénonçant les dysfonctionnements, les négligences, les abus en tous genres, aussi bien des autorités que des sociétés en charge de la gestion de la ville, sans oublier le manque de civisme d’un trop grand nombre, nous voulons réveiller l’esprit de citoyenneté de chacun et placer les responsables devant leurs responsabilités ».
Les appels au civisme de Save Marrakech commencent à faire du bruit et à se faire entendre, y compris du côté des autorités, puisque la maire de Marrakech a déjà réagi plusieurs fois sur la page Face book qui relaie quotidiennement les actions du groupe. « Mme la maire est très consciente de la situation de Marrakech, poursuit M. Loutati, et des lacunes qui subsistent au cahier des charges des contrats passés avec la société de ramassage des ordures. ». Réactions de Madame la maire sur les réseaux sociaux, mais aussi mesures concrètes entreprises, avec par exemple une réunion organisée avec Save Marrakech au cours de laquelle le groupe a pu lui expliquer ses objectifs, lui faire part de ses attentes, et aborder les sujets phares du ramassage des ordures, de l’éclairage public ou de l’affichage clandestin. « Nous avons depuis constaté une petite amélioration en ce qui concerne les déchets, et des mesures ont été prises pour l’enrayement de l’affichage sauvage puisque tous les panneaux clandestins ont été supprimés et que l’une des personnes concernées a été sanctionnée d’une forte amende ».
Apolitique et se défendant de n’être que dans la confrontation, le groupe Save Marrakech a entre autres projets de créer un collectif d’associations citoyennes qui serait le seul interlocuteur des autorités et des sociétés en charge de la gestion de la ville. « Nous sommes pris dans une spirale de comportements quotidiens devenus banals, ajoute Abdelhamid Loutati, l’insécurité qui monte, les ordures, le gaspillage, l’occupation sauvage du domaine public ou encore la corruption à tous niveaux, autant d’éléments qui sont devenus des habitudes de la vie courante. Hormis la première et seule rencontre avec Mme la maire, il y a un mutisme total de la part des responsables concernés. Save Marrakech ne compte pas s’essouffler, sans pour autant nous situer dans la polémique ou la confrontation. Nous ne baisserons pas les bras, et nous continuerons de mobiliser les citoyens marrakchis pour stopper cette hémorragie. Notre plus grand combat est d’éveiller les consciences quant au civisme qui se perd, et notre première bataille gagnée est d’avoir pu impliquer autant de Marrakchis qui agissent sur le réseau social pour redonner de la dignité à leur ville. »