Savent-ils ce qu’ils font ?
La loi de finances rectificative a été votée, sans surprises. Les partis de la majorité ont été disciplinés, malgré les prises de parole tonitruantes, l’opposition a elle aussi voté contre, comme un seul homme. Ce Parlement sert-il vraiment à autre chose que l’affichage d’une démocratie de façade ? Il est permis d’en douter sérieusement.
Ce qui est inquiétant, c’est que l’exécutif ne donne aucune indication sur ce qu’il compte nous proposer comme projet d’avenir. Le Maroc de l’après-Covid-19 ne peut pas être dans la continuité. Il nous faut choisir de nouveaux secteurs, renforcer la protection sociale, faire de l’environnement une priorité. De tout cela, les discours de l’exécutif n’en fait point état. On est obligé de constater que nous sommes gouvernés par des joueurs de dames quand nous aspirons à une gouvernance de joueurs d’échecs, c’est-à-dire à des stratégies.
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Ils ne savent pas où ils veulent aller. Sénèque disait il n’y a pas de vent favorable pour qui ne connaît pas son cap. Ils ne savent même pas comment ils vont organiser la rentrée scolaire tout en diminuant le budget de l’Éducation nationale de 15 milliards de DH.
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Ce pays n’a plus de boussole. La confiance dans les institutions décline à une vitesse vertigineuse au point que plus personne n’applique les règles sanitaires. Les Marocains, faute d’un projet commun, sont partagés entre le fatalisme et l’individualisme forcené. D’autres préfèrent aller voir ailleurs si les prairies sont plus vertes .Je ne suis pas un opposant à la politique de l’exécutif, parce qu’il n’y en a pas. Au meilleur de leur forme, ils sont dignes d’être des chefs de service dans une administration centrale en sous-effectif.
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Alors imaginons collectivement un autre chemin, qui passera nécessairement par une véritable démocratie, qui aura d’autres objectifs que celui de corrompre quelques élites, qui acceptent de jouer les comparses contre de menus privilèges.