Sefrioui impose sa loi
Anas Sefrioui était un outsider dans le secteur du ciment. Pourtant, en moins de trois ans, il s’accapare près de 16% de parts de marché.
Il est loin de faire du dumping, puisqu’il affiche une rentabilité supérieure à celle du secteur.
S
’il est un secteur qui connaît un vrai bouleversement, c’est bien celui du ciment. Ce n’est pas tant parce que le marché connaît un changement que parce qu’un des entrants est venu perturber la donne. En effet, le groupe d’Anas Sefrioui est venu donner un coup de pied dans la fourmilière. Sa société Ciments de l’Atlas ne cesse de grignoter des parts de marché, au grand dam des opérateurs historiques que sont notamment Lafarge Ciments, Ciments du Maroc et Holcim.
Les chiffres du premier semestre montrent justement que Ciments de l’Atlas n’est pas venu faire de la figuration. Au moment où le marché recule de 12% sur les six premiers mois, les ventes de la Société d’Anas Sefrioui ont bondi de 10% par rapport au premier semestre 2012. C’est dire que Ciments de l’Atlas améliore sa part de marché de plus 4 points, à quelque 16%, en réalisant un chiffre d’affaires semestriel de 1,08 milliard de dirhams, là où Lafarge réalise un volume d’affaires de 2,6 milliards de dirhams, en baisse de 5,5%. Les choses sont en train de changer pour les sociétés bien établies.
Et à ceux qui pensent que la société fait du dumping pour améliorer ses parts de marchés, la société brandit des indicateurs financiers encore plus convaincants. En effet, son résultat d’exploitation atteint 353 millions de dirhams, progressant également de 9,6%. La société a su maitriser ses charges, alors même qu’elle est dans une phase d’investissement. Elle est l’une des rares sociétés qui ont pu afficher une marge opérationnelle de 33%. Evidemment, le poids de l’endettement se fait sentir dans le résultat financier, même si la dette recule sensiblement. En effet, ce dernier affiche un déficit de 91 millions de dirhams, contre 84 millions de dirhams au premier semestre 2012.
Côté capacité bénéficiaire, Ciments de l’Atlas répond présent avec un résultat net part du groupe (RNPG) de 213 millions de dirhams.
Quoi qu’il en soit, les opérateurs historiques du secteur doivent se ressaisir, surtout que les chiffres des ventes au niveau national ne se redressent pas de manière significative. A 11,3 millions de tonnes, les ventes ont baissé de 8,17% à fin septembre 2013, par rapport aux neufs premiers mois de l’année 2012.
De plus, les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas à ce niveau, puisque la troisième cimenterie du groupe d’Anas Sefrioui est en construction à Nador, après la première de Ben Ahmed et la deuxième à Beni Mellal. Cela laisse penser que dans les mois à venir, Anas Sefrioui ajoutera près de 1,5 million de tonnes à ses 3,5 millions qu’il possède déjà. Cette unité devrait donc donner du fil à retordre à la Holcim qui est l’opérateur le plus présent dans l’Oriental.
Dans ses implantations, Sefrioui a précautionneusement évité de se frotter à Lafarge qui est plus présent sur l’axe Casablanca Tanger. Mais visiblement, le leader également subit indirectement ce développement rapide de celui que l’on pensait être un outsider.