Blog de Jamal Berraoui

Sissi Empereur par ( Jamal berraoui )

Le référendum en Egypte a livré son verdict, 98,1% de oui. C’est un résultat logique, puisque seule une organisation de jeunesse a appelé à voter non. “L’Egypte forte” a transformé le mot d’ordre en boycott, suite à l’attitude policière qui l’a empêchée de mener campagne. La participation a atteint 38% en légère hausse par rapport à 2012.
C’était un des objectifs de Sissi, pour légitimer son coup d’Etat. Rien ne s’oppose plus à la candidature du chef des armées à la présidentielle prévue dans six mois.

Cependant, même le pouvoir reconnaît que les jeunes ont boycotté le scrutin et propose des rounds de négociations avec les associations représentatives qui se sont empressées de rejeter l’offre, y compris les organisations qui avaient soutenu le coup d’Etat.

La nouvelle constitution en place, la voie vers la présidence dégagée pour Sissi, tout reste pourtant à faire. En dehors des Salafistes  d’Ammoun, aucun parti n’est réellement représentatif au sein de tous ceux qui soutiennent le coup d’Etat. Or l’armée, pour construire des  institutions a besoin de relais. Le risque est que rapidement, l’affrontement entre l’armée et les frères musulmans soit à la fois exclusif et total. En l’état des choses c’est le plus probable. C’est un contexte hautement favorable à la recrudescence du terrorisme.

Soixante pour cent des Egyptiens n’ont pas participé au vote, faut-il en conclure qu’ils sont tous acquis aux thèses des frères ? Loin de là, il y a une partie de la population qui est lasse. Cette lassitude est renforcée par la crise économique et les difficultés croissantes pour le peuple. Sous la pression, Sissi et les siens ont annoncé un SMIG pour les fonctionnaires. Une pension minimale universelle. Les montants sont élevés et les populations concernées sont importantes.
D’ou viendra l’argent, alors que l’économie est exsangue ? Une  inflation galopante est à prévoir pour améliorer ces faux acquis.

Le pouvoir militaire aurait tort de croire que tout peut repartir comme avant. D’autres formes de résistances sont en gestation. Les frères musulmans sont toujours une force organisée, structurée, mais d’autres forces démocratiques se régénèrent. Grâce à l’action qui n’a pas remisé tous les rêves du 25 janvier 2011.
L’avenir de l’Egypte n’est pas plié. La société est traversée par divers courants. Si les acteurs politiques, y compris islamistes, arrivent à un compromis, c’est la compétition démocratique qui permettra la crédibilité des institutions. Sinon, les convulsions perdureront malgré la répression. La victoire de Sissi est une
victoire de Pyrrhus.

 
Article précédent

Un message de soutien américain à la proposition marocaine d'autonomie

Article suivant

Le forum de Davos en direct .