Culture

Sous le signe du voyage de l’âme

Faouzi Skali, fondateur du festival de Fès des musiques sacrées du monde

Le Festival de Fès des Musiques Sacrées prépare sa 20e édition. Au menu, du chant profane et sacré, mais aussi un dialogue inter religieux réaffirmé, toujours sous le signe de la spiritualité, prône une cohésion autour de ce qui rassemble, de même que ce qui oppose: la foi. PAR Noredine El Abbassi 

L

e festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde tiendra sa 20e édition du 13 au 21 juin 2014. Comme chaque année, le festival réunira d’abord,  des artistes venus de différentes contrées du monde entier et qui produiront différents types de musique,  ayant toutes en commun, une quête de spiritualité. Ce n’est pas un hasard que cet événement de ce caractère se produise justement et se maintienne dans la capitale spirituelle du Royaume. Fidèle à une tradition établie et confirmée, elle sera une rencontre oecuménique de dialogue interculturel et religieux entre les peuples, de la Méditerranée et d’ailleurs. Un jalon dans le dialogue entre les civilisations, celles qui s’affirment, celles qui renaissent de leurs cendres et celles qui se cherchent et se renouvellent. C’est avant tout un message d’espoir, de conciliation et d’échange. Certes, il s’agira de discuter du “vouloir vivre ensemble”, le pacte social qui unit dans une “Cité” multiculturelle ses habitants. Depuis les droits et les devoirs afin de permettre aux Hommes de vivre ensemble, de se côtoyer, de vivre, sans tomber systématiquement dans l’affrontement. 

Le programme de la semaine associe aux soirées musicales des matinées discursives autour des Cultures et des Identités de Transition dans une Mondialisation à la Recherche de son âme. Nelson Mandela sera au centre des débats, lui qui a voulu relever le défi de “vivre ensemble”. Les organisateurs reviendront sur la politique de Nelson Mandela, géant qui a marqué l’histoire du continent et de son propre pays, récemment disparu. C’est peut-être un hommage, mais également une leçon de vie qui montre à quel point l’engagement politique, au prix des luttes milles fois étouffées, peuvent accoucher d’un Etat plus juste, d’une société plus égalitaire, mais aussi plus en phase avec l’époque, qui débouchera sur une interrogation: un Nelson Mandela au Proche Orient est-il possible ? Mais dans les faits, ce n’est qu’à l’épreuve du temps que se révèlent les grands hommes, et peut-être qu’après l’affrontement, de la région émergera un homme providentiel qui pourrait enfin permettre une sortie de crise? Le forum n’oublie pas non plus les Enjeux de la Diversité que le pays hôte soumet à la réflexion. Question d’actualité s’il en était, depuis que la consigne Royale s’est assignée à intégrer ou tout le moins, régulariser les clandestins majoritairement originaires de l’Afrique Subsaharienne et d’où le Maroc puise ses racines d’ailleurs.

Les Musiques du monde au service de la communion des esprits 

La musique adoucit les moeurs, et l’art dépasse les barrières de langues, puisque ses mots sont la beauté, et que cette dernière est universelle. Pour cette manifestation, les organisateurs du Festival ont voulu créer une oeuvre, elle aussi oecuménique, autour d’un conte. “Le cantique des oiseaux” sera l’occasion de suivre le vol des oiseaux dans une migration, qui rappelle celle des hommes, pour traverser différentes vallées. A chaque étape, un coeur des différentes religions apportera sa pierre. Le symbole des oiseaux en lui-même n’est pas anodin. Représentation universelle de la liberté, c’est un psychopompe qui permet le passage des âmes. Ainsi, c’est l’âme des spectateurs qui voyage dans une migration qui les mène d’étape en étape, à la rencontre du roi des oiseaux, qui n’est que la somme de leurs vols individuels vers l’ailleurs. Message universaliste, puisque l’autre c’est nous, et que si la foule a rarement un intellect supérieur aux moins douées d’entre elles, le collectif est celui auquel l’on obéit dans une société structurée. Un peuple n’est que la somme de ses individualités, et lorsque l’homme a un destin solitaire par essence, son comportement est social par nécessité. 

La programmation musicale, pour sa part, joue la carte de la diversité religieuse et celle de l’universalité des horizons. Des noms connus tels que le chanteur sénégalais Youssou Ndour et Jhonny Clegg seront de la partie. Mais également la bolivienne Luzmila Carpio, ou encore la malienne Roxia Traoré et les indiens et mauritaniens Raza Khan et Coumbane Wakarane. Il y en aura pour tous les goûts, puisque les représentations de Usatad Dagar côtoieront celles de Kadim Al Sahir. Mais la vocation multireligieuse se manifestera sans doute par les spectacles de musique judéo-arabe andalouse de Mohamed Riouel et Françoise Altan et Lior El Maleh, ou encore le spectacle marocco-espagnol “Orient-Occident”. La France sera également présente, avec Roberto Alagna et sa création “Méditerranéo” avec The Khoury Project. 

Le Festival se tiendra une fois encore, et une fois encore, il permettra aux spectateurs de communier dans la fraternité. L’espace d’une semaine, il abolira les barrières entre les peuples, unis dans la célébration du sacré sous toutes ses formes, et matérialisé par la beauté de l’art. 

 
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