Staffan de Mistura et sa première tournée régionale: ce qu’il faut retenir
La première tournée régionale de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara vient de toucher à sa fin. Cette visite avait pour but de relancer des négociations à l’arrêt depuis 2019 et mettre les différentes parties concernées autour de la table.
Staffan de Mistura vient de conclure son tout premier contact avec le terrain. Nommé envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara au mois d’octobre dernier, le diplomate italo-suédois a effectué cette dernière semaine sa première tournée dans la région, rencontrant pour la première fois, l’ensemble des protagonistes du dossier.
C’est à Rabat que le nouvel émissaire d’Antonio Guterres a effectué la première étape de sa tournée régionale. Selon nos informations, son agenda/programme de visite a vu plusieurs modifications aux derniers moments. L’émissaire onusien a en effet préparé avec “beaucoup de précautions” l’étape marocaine de sa tournée régionale.
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Première étape: Rabat
Arrivé le 12 janvier, il s’est entretenu le lendemain avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita lors d’une séance de travail à laquelle a également participé le représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, et le directeur des Nations unies et des organisations internationales, Redouane El Housseini. Une discussion où les trois diplomates ont réaffirmé les positions inchangées côté marocain.
Lors de ces entretiens, la délégation marocaine avait réitéré les fondamentaux de la position du Royaume, telle que rappelée dans les discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion des 45ème et 46ème anniversaires de la Marche Verte, rappelant que le souverain avait réaffirmé, dans lesdits discours, l’attachement du Maroc à la reprise du processus politique conduit sous l’égide exclusive de l’ONU pour parvenir à une solution politique sur la base de l’Initiative marocaine d’Autonomie, dans le cadre du processus des tables rondes, en présence des quatre participants.
Par la suite, Staffan de Mistura s’est également entretenu avec différents représentants des missions diplomatiques présentes au Maroc. Pour l’émissaire onusien, ces entretiens étaient à la fois une occasion de recevoir des informations supplémentaires mais aussi établir un bilan du travail des missions diplomatiques les plus influentes sur ce dossier au Maroc à l’image des Etats-Unis ou de la France.
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Deuxième étape: arrêt dans les camps de Tindouf
Avant de se rendre à Alger, Staffan de Mistura a également fait étape dans les camps de Tindouf le 15 janvier. Les Nations unies ont réagi, lundi, aux informations autour de la visite, samedi et dimanche dernier, de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU dans les camps de Tindouf. Lors du point de presse quotidien, Stéphane Dujarric, porte-parole d’Antonio Guterres, est ainsi revenu sur la tournée régionale rappelant qu’il a «rencontré de hauts responsables marocains à Rabat et des représentants du Front Polisario à Tindouf/Rabouni».
Interrogé sur une photo qui a ravivé le débat sur les enfants soldats et l’enrôlement des enfants par le Front Polisario, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU a apporté des précisions. «On m’a également demandé ce qu’il avait vu lors de sa visite à Tindouf et je peux dire qu’il y avait une foule nombreuse lorsque l’Envoyé personnel a visité le camp. Il n’a pas vu tout le monde, mais il n’a certainement identifié aucun enfant soldat, comme certains l’ont signalé», a tranché Stéphane Dujarric.
Le Polisario a organisé, par la suite, une conférence de presse pour présenter le bilan de la visite. Khatri Addouh, responsable de l’organisation politique du Polisario a remis en question la possibilité que l’envoyé onusien réussisse sa mission. «L’envoyé personnel des Nations unies n’ira pas loin dans la recherche d’une solution pacifique et juste à la question du Sahara, sans intervention ferme du Conseil de sécurité et l’Assemblée générale des Nations unies, contre l’attitude manipulatrice et cynique du régime marocain», a-t-il déclaré. Le responsable du mouvement séparatiste a accusé le Maroc de «toujours chercher à imposer ses conditions aux envoyés personnels de l’ONU et même à l’actuel secrétaire général pour déterminer la forme ou la manière des efforts et celle des négociations».
Khatri Addouh a exclu que de nouvelles dates pour les négociations soient fixées dans un proche avenir, en pointant «la manipulation continue du Maroc et le soutien continu de ses amis». Il a aussi rappelé que De Mistura n’a pas visité le Sahara. «Nous ne croyons pas que l’envoyé personnel des Nations unies puisse couvrir toutes ses préoccupations à l’égard de la question, sans visiter [ces] zones, d’autant plus qu’elles sont la principale préoccupation des Nations unies, comme elle est responsable du territoire et c’est là que se trouve le quartier général de la MINURSO», a-t-il dit.
Dans ce sens, Addouh a souligné que «toute action des Nations unies qui exclut» le Sahara et les Sahraouis «sera incomplète». En parallèle, lors de sa rencontre avec De Mistura, le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali a réitéré la disposition de son mouvement à s’engager dans le processus des pourparlers mené sous l’égide de l’ONU.
Troisième étape: Nouakchott
L’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Sahara, Staffan De Mistura est arrivé, dimanche soir, en Mauritanie dans le cadre sa tournée régionale. De Mistura a été reçu à l’aéroport de Nouakchott par le directeur général de la Coopération multilatérale au ministère mauritanien des Affaires étrangères, de la coopération et des Mauritaniens de l’extérieur, Mohamed El Amine Ould Moulay Ali.
Lundi, l’envoyé des Nations unies au Sahara a été reçu par le président mauritanien Mohamed Ould El Ghazouani. L’audience s’est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’extérieur, Ismail Ould Cheikh Ahmed, du directeur de cabinet du Président de la République, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, du Coordonnateur résident du système des Nations unies en Mauritanie, Anthony Kwaku Ohemeng Boamah et de l’adjointe de l’Envoyé spécial de l’ONU Sharon O’Brien.
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Dernière étape de la visite: l’Algérie
C’est à Alger, qui fait traditionnellement office de première étape des tournées régionales des émissaires onusiens, que Staffan de Mistura a clôturé sa tournée mercredi 19 janvier. Staffan De Mistura s’est ainsi entretenu avec Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara et des pays du Maghreb. Un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères a indiqué qu’au cours des entretiens, la délégation algérienne a «réaffirmé, la position de principe de l’Algérie, aussi bien sur la question de fond que sur les aspects liés au format».
La délégation a insisté «en particulier sur la nécessité d’engager, lorsque les conditions seront réunies, des négociations directes, de bonne foi et surtout sans conditions préalables entre les deux parties au conflit, (le Front Polisario et le Maroc) qui sont identifiés en tant que tels dans les résolutions du Conseil de Sécurité».
Rappelant l’appel de l’UA du 9 mars 2021 au Maroc et au Front Polisario pour reprendre les négociations, Amar Belani a insisté, en outre, sur «la nécessité de prendre en compte l’impératif incontournable du libre exercice par le peuple sahraoui de son droit imprescriptible à l’autodétermination quels que soient les processus envisagés». «La délégation algérienne a également souligné l’importance de réactiver et de revitaliser le plan de règlement conjoint de 1991 (ONU-OUA), en tant que seul accord accepté par les deux parties au conflit et endossé, à deux reprises, par le Conseil de Sécurité.
Par la suite, ce jeudi, Staffan De Mistura a rencontré le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra. «J’ai reçu l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan De Mistura, à l’issue de sa tournée qui l’a conduit (à rencontrer) les deux parties du conflit, le Maroc et la République sahraouie, ainsi que les deux pays voisins, la Mauritanie et l’Algérie. Je lui ai renouvelé la ferme position de notre pays en faveur de la décolonisation de la dernière colonie africaine», a indiqué le ministre algérien sur son compte Twitter.
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Cette première tournée régionale aura certes l’occasion pour l’émissaire onusien de se familiariser avec les différentes parties prenantes au conflit. Néanmoins, la tâche demeure assez compliquée étant donné les différents obstacles mis en place et les différentes conditions exigées par les parties, des conditions qui ne peuvent se réunir. Le vrai travail, de terrain, pour le diplomate italo-suédois vient de commencer.
Le groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (PPS) à la Chambre des représentants a pour sa part émis une demande ce mardi, au président de la Commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger, pour convoquer Nasser Bourita suite à la tournée régionale menée, afin de délibérer sur «les résultats de la tournée de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies au Sahara marocain».