Les chroniques de Jamal Berraoui

Coronavirus. Stop and go, la grande méprise

Partout au monde, et pas seulement au Maroc, c’est la théorie du stop and go qui est mise en œuvre dans la lutte contre la pandémie. Cela consiste à serrer les boulons le temps que les chiffres se stabilisent, puis rouvrir un peu. Sauf que cette approche est complètement inopérante pour diverses raisons.

Rappelons d’abord que le confinement n’éradique pas le virus, il permet juste de contenir sa propagation pour éviter que les capacités hospitalières soient submergées. C’est donc la faiblesse des systèmes de santé qui détermine la jauge, la nature des mesures. Cette stratégie est inopérante pour trois raisons : elle est très coûteuse économiquement, socialement peu acceptée et psychologiquement désastreuse.

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Économiquement, l’incertitude paralyse les opérateurs. La peur du lendemain n’est pas propice aux affaires. Socialement, les populations sont plus promptes à appliquer des mesures quand celles-ci sont claires, équitables, que quand elles changent toutes les semaines. Cela se traduit par des contestations qui, liées à la situation sociale, peuvent occasionner des remous politiques et c’est ce qui attend tous les pays dans les mois qui viennent. Enfin, psychologiquement les individus souffrent de ce devoir d’isolement, le paso doble trouble les gens et les enfonce dans la déprime, parce qu’ils ne perçoivent aucune issue. Cette stratégie est une catastrophe. Sauf que pour répondre à l’urgence tout en sauvegardant un semblant d’activité  économique, on n’a pas trouvé mieux. Ceux qui ont été tentés par l’immunité collective ont vite déchanté, parce que le coût en vies humaines est insupportable.

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Il y a une voie qui nécessite de la pédagogie, du temps, de la patience. Celle de compter sur la responsabilité individuelle en diffusant toutes les informations. Les pays nordiques l’ont choisi. On a raillé la Suède au début, ses chiffres sont meilleurs que tous ceux qui ont confiné et son économie n’est pas en réanimation. Les virus ne sont jamais terrassés par les États, mais par la science. Le stop and go est à la fois un aveu d’impuissance et de manque de confiance dans la maturité d’une société.

 
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