Stop here Martin
A l’aube des indépendances, la CIA a fourni à toutes les dictatures naissantes dans la région des conseillers pour créer une police politique. Ils s’appelaient souvent Colonel Martin. Les Martin d’aujourd’hui s’affairent à « déverdir » le printemps arabe. Il ne faut pas se fier aux atermoiements de l’Administration OBAMA. L’armée égyptienne ne bougerait pas une oreille, sans l’assentiment de l’Amérique qui lui offre 1,7 milliard de dollars chaque année. Abdelfettah Sissi connaît très bien le Martin Egyptien, puisque le nouveau maître du Caire a dirigé pendant dix ans les renseignements militaires.
Ce vendredi est promis à l’horreur puisque pro et anti Morsi sont appelés à manifester. Le sang qui coulera justifiera la répression au nom de la lutte contre le terrorisme. Les peuples ayant la fâcheuse habitude de déjouer les plans des Martin, cela signifie une longue période d’instabilité meurtrière pour l’Egypte.
En Tunisie, les libéraux appellent à un soulèvement le 6 août ; copiant les Egyptiens, ils ont fait signer une pétition. Ils considèrent que la constituante n’est plus légitime, puisqu’elle avait pour mission de rédiger une constitution en main et qu’elle a largement dépassé ce délai. Le gouvernement et la présidence étaient issues de cette assemblée, ils n’ont plus aucune légitimité. L’argument n’est pas saugrenu, sauf qu’il n’a pas l’adhésion des Tunisiens. La pétition a recueilli 166000 signatures, ce qui est important mais ne représente pas une majorité, la Tunisie comptant onze millions d’habitants. N’empêche que sautant sur un événement, celui de l’assassinat d’un opposant, la machine s’est mise en branle. Toutes les chaines occidentales préparent le 6 août, dans un parallèle très léger avec l’Egypte. En Tunisie, l’armée ne peut jouer aucun rôle, parce que c’est une institution affaiblie. Martin devra trouver autre chose pour se débarrasser de la Troïka.
Le lecteur ne doit pas se tromper sur mes convictions. Je suis un irréductible militant anti intégriste. L’Islamisme est, pour moi, une idéologie totalitaire et il faut la combattre en tant que telle. Mais comme dirait Brel, on fait ce qu’on peut mais il y a la manière. Les succès électoraux des Islamistes s’expliquent par la faiblesse organisationnelle de leurs adversaires, mais aussi par la lâcheté de ceux-ci face au fait religieux. Sauf en Tunisie où la laïcité n’est pas tabou. Deux ans après, que des forces sociales s’organisent contre les Islamistes est normal. Ce qui ne l’est pas c’est de choisir des raccourcis anti-démocratiques pour les éliminer. On ne peut pas dire à un courant politique, vous avez le droit de jouer mais pas de gagner ! Aucune démocratie ne peut se construire en excluant la majorité.
Ceux qui se réjouissent de l’action des Martin ont la mémoire courte. Ils oublient qu’ils assistaient aux séances de torture et qu’ils ont encadré les assassinats politiques, ceux de Ben Barka et de Ben Yssef le Tunisien en particulier. Leurs intérêts ne peuvent coïncider avec ceux des peuples même par le pur des hasards. Il mènent la région à la catastrophe.