Stratège, entrepreneur, globe-trotter
Elle a fait le parcours parfait de la working woman qui l’a menée au sein de l’élite. Depuis ses études à sa carrière professionnelle, cette entrepreneuse mère de famille et acteur associatif a réellement réalisé un sans fautes.
C’est le parcours parfait, celui dont toute une génération a rêvé. Elle a une classe naturelle, celle des biens nés dans le Maroc de l’après indépendance. Dounia Boutaleb est née en 1985, quatrième de la fratrie, elle sera la petite dernière d’un entrepreneur et d’une femme forte. Et pas n’importe laquelle, Rokia Kettani, l’une des trois fondatrices du redoutable cabinet Bassamat. Et sa mère l’a forgée, elle et son caractère: « Je ressemble beaucoup à ma mère, tant physiquement que mentalement ».
Sa mère, c’est la patronne, une sorte de bloc de dynamisme et de volonté active. Son père, lui, c’est la présence. « Je ne dirais pas que les rôles étaient inversés. Ma mère nous disait toujours, je vous donne du temps en qualité. Mon père, lui, était très présent mais tous les deux nous éduquaient et nous transmettaient leurs valeurs. Ce n’était pas la famille traditionnelle au sens premier », explique-t-elle avec des accents aigus dans la voix. Elle est sûre d’elle dans sa manière de s’exprimer, avec un accent parisien, et pourtant elle est bien marocaine.
Cette double culture, on la retrouve dans son éducation. « J’ai été scolarisée au Groupe Scolaire d’Anfa (Ecole Bennis). C’était un choix de ma mère pour que je sois réellement à l’aise en arabe », développe-t-elle. Ce qui lui sera profitable pour la suite. Elle en retire de bonnes bases et pourra poursuivre dans les écoles de la Mission Française. Elle intègre le Collège Anatole France, à ce moment l’un des fleurons de l’enseignement français au Maroc : « On était loin de « l’arène » qu’était le Lycée Lyautey. Anatole était un collège avec un esprit familial et une bonne ambiance », explique-t-elle, avec un brin de nostalgie.
Un « sans fautes »
Lorsqu’elle s’exprime, tout en elle dénote une apparence coporate. Le monde du conseil a laissé sa trace, tant dans son style vestimentaire que dans son comportement. C’est une pro qui ne se laisse pas aller à la confidence. Pour chaque souvenir dévoilé, ce sont deux qui doivent être confiés. C’est la businesswoman dans toute sa splendeur. « Mon père était entrepreneur, et ce sont ces valeurs d’ »entreprendre » qu’il m’a transmises », s’avance-t-elle. Proactive, elle l’est! Certes, mais elle est également une personnalité, un caractère trempé, et en cela, la digne fille de sa mère.
Son parcours ressemble à un home run gagnant qui l’a menée à bon port. La destination ? La réussite ! Dounia enchaine les jalons de la success-story à la marocaine. Après un bac scientifique au Lycée Lyautey, elle entre en classe préparatoire et après deux années, intègre la prestigieuse école de commerce HEC. Dounia étudie la finance, mais décide de multiplier les expériences.
Première expatriation. Puisque la France est un peu la deuxième patrie des Marocains pur jus, et elle quitte Paris pour Philadelphie. Là, elle use les bancs de la prestigieuse business school Ivy League, la Wharton school of Pennsylvania avant de se rendre dans une autre, à Milan cette fois, l’Università Luigi Bocconi. Parcours d’élite oblige, c’est tout naturellement qu’elle intègre une autre voie royale, celle du Cabinet de Conseil McKinsey.
Acteur associatif et entrepreneur
C’est alors le tournant. Nous sommes en 2008, et Dounia a déjà une vie de globe-trotteuse accomplie. Elle a déjà réalisé des missions sociales au Pérou, traversé le pays en backpack. Son secret ? Une énergie débordante : « J’ai toujours cherché à me dépasser. Avoir la niac pour être à la «hauteur et me battre », développe-t-elle. C’est justement ce côté humain, social qu’on retrouve en elle, toujours cette filiation maternelle qui la suit… « J’aime rendre à la société un peu de ce qu’elle m’a donné », lance-t-elle. C’est un peu ces valeurs de « give back » que l’on retrouve dans des figures marquantes de l’entreprenariat américain de la Silicone Valley, lorsque des businessmen accomplis coachent des jeunes.
Et c’est justement ce qu’elle fait depuis 2016 en adhérant au « Réseau entreprendre », une association de promotion des jeunes entrepreneurs. Une manière de transmettre son expérience. Et son expérience, elle l’a forgée par un tour du monde du conseil en stratégie avec McKinsey. Là, elle développe ses compétences, mais surtout son adaptabilité : « J’avais trois jours pour être une experte dans n’importe quel sujet, et être suffisamment pointue pour accomplir mes mission de conseil et ce, dans n’importe quel pays. C’était non négociable ! », confie-t-elle.
Ses envies d’entreprendre, elle les concrétise en 2013, lorsqu’elle fonde la Maison du Praliné. Là encore, c’est suite à un voyage qu’elle découvre l’ampleur du marché à Dubaï. « Il y avait véritablement un engouement pour le chocolat ! Partout on trouvait les plus grandes maisons et elles réalisaient de bons résultats dans leur business », analyse-t-elle. Elle s’envole alors pour Fontainebleau, trouver le maître artisan, Patrick Coudray, pour créer sa propre marque de chocolats au Maroc. Depuis, elle vit une vie de working woman, entre vie de famille équilibrée avec deux enfants. « Je reproduis le modèle familial. Mon mari doit être proche de ses enfants, et je leur dédie du temps, comme l’on fait les miens auparavant », explique-t-elle. Et la famille, c’est sacré!
BIO EXPRESS
1985: naissance à Casablanca
2002: Bac S au Lycée Lyautey
2008: diplôme de finance à HEC Paris, Università Luigi Bocconi intègre McKinsey Paris
2010: rejoint McKinsey Casablanca
2013: fonde la Maison du Praliné