Blog de Jamal Berraoui

Syrie : Cela change quoi ? ( Par Jamal Berraoui )

Poutine a réussi son coup. En obligeant Assad à accepter la destruction de son stock d’armes chimiques, sous le contrôle de l’ONU, il a annulé les frappes. Il faut dire qu’Obama et Hollande sont aussi heureux, ils n’avaient pas réussi à réunir les soutiens politiques nécessaires. L’idée d’une expédition punitive limitée n’a pas convaincu l’opinion publique.

Les diplomates pensent qu’ils tiennent le bon bout et qu’ils peuvent aboutir à une solution politique du conflit. Le problème, c’est qu’on ne voit pas bien laquelle. Le scénario yéménite, le départ de Bachar et le maintien du régime n’est pas réaliste, parce qu’il y a eu trop de morts, trop de haines accumulées. Les puissances ont des enjeux divergents et de grandes difficultés à appréhender ce qui se passe sur le terrain.

La Russie a prouvé sa détermination à garder son influence dans une région stratégique, même si son allié est réellement encombrant. Les occidentaux veulent la chute d’Assad mais pas l’émergence d’une république Islamique. Les pays arabes ne peuvent plus jouer les intermédiaires parce qu’ils n’ont plus aucun contact avec le régime. L’optimisme des diplomates paraît surfait. Les rebelles mieux armés obtiennent des succès mais loin d’être décisifs. L’équilibre de la terreur peut durer longtemps.

Le plus dur à accepter c’est qu’entre-temps, un peuple vit l’enfer au quotidien. La Jordanie et le Liban ne peuvent plus contenir le flot des réfugiés. Ce charme humain ne doit pas être lié à une issue militaire fort improbable dans l’immédiat.

La solution politique ne peut exister sans l’accord de la Russie et de l’Iran. Ces deux pays consentiront peut-être à lâcher la personne de Bachar  El Assad, mais pas l’essentiel. L’opposition doit en tenir compte si elle désire réellement négocier. Ce désir peut être mis en doute quand on voit les conditions qu’elle pose pour toute négociation.

Ce qui peut forcer les deux belligérants à composer, ce n’est pas uniquement la pression internationale, mais aussi la lassitude du peuple syrien. Cette guerre civile cessera quand à l’intérieur de la Syrie apparaîtra une vraie direction politique en prise avec des forces réelles.

La Russie, en reprenant la main sur ce dossier démontre qu’elle peut obtenir des concessions de Damas. La balle est maintenant dans le camp des insurgés qui ne peuvent continuer à réclamer la chute d’un régime qu’ils n’ont pas obtenue par les armes. La solution négociée ne peut pas être celle-là. En l’absence de négociation, le risque d’une extension d’un conflit confessionnalisé est réel. Le régime joue d’ailleurs sur cette crainte. Le réalisme c’est d’offrir une issue honorable aux deux parties pour arrêter l’effusion du sang ou de peser réellement dans l’issue militaire en armant sérieusement les rebelles.

 
Article précédent

Timide hausse de la production d’électricité

Article suivant

Presse : un quotidien du PJD