Blog de Jamal Berraoui

Syrie: une frappe pour rien ?

Le régime syrien ne peut susciter aucune sympathie. Sanguinaire, autiste comme tous les dictateurs, Assad mène son pays à la ruine. Ceci dit, l’intervention étrangère ne risque pas d’améliorer le sort des populations, d’autant plus que ses objectifs déclarés sont très limités.

En effet, Obama et Hollande veulent juste un feu d’artifice, une « action punitive », qui ne change pas les rapports de force entre le régime et l’opposition de manière décisive. Le « non » du parlement britannique pèse lourd dans la balance. A Paris comme à Washington, on craint une guerre, une agression impopulaire. Du coup, on limite les objectifs. Des raids visant les infrastructures militaires, quelques jours de bombardement, tout au plus.

Pour la première fois, les occidentaux agressent un pays arabe à reculons, ils n’ont vraiment aucune envie d’y aller. Non pas par vertu, mais par calcul. En utilisant les armes chimiques, Assad a mis les dirigeants occidentaux au pied du mur. Sauf que ses opposants n’ont pas les faveurs des grandes puissances, ni les miennes par ailleurs. Alors les militaires vont se livrer à une partie difficile. Ils doivent frapper un ennemi, tout en sauvegardant ses capacités.

C’est un projet très complexe. Paris et Washington sont isolés dans cette guerre, mais ce n’est pas ce qui les gène le plus. Ils ne veulent pas abattre le régime syrien, ni l’affaiblir de manière décisive. Arrogants, ils jouent à découvert. Kerry dit publiquement que l’objectif c’est d’amener Assad à Genève dans de bonnes dispositions, en vue d’une solution politique.

Chimères que tout cela. Juste après la frappe, la Russie et l’Iran reconstruiront les capacités militaires de la Syrie, parce qu’il s’agit d’une alliance vitale au plan stratégique. L’Occident ne veut pas prendre le risque de faciliter la victoire militaire des jihadistes. Mais il n’a pas d’autre fer au feu. L’opposition « clean », acceptable, n’existe que dans les palaces de Doha. Sur le terrain, il suffit de citer les noms des brigades pour les situer idéologiquement. Ce qui était un espoir de révolution s’est transformé en guerre confessionnelle.

Qatar exhibe George Sabra comme un trophée. Mais ce n’est que le chrétien de service. Ses coreligionnaires, comme les autres minorités ont choisi le camp d’Assad parce qu’en face, ils veulent les asservir.

Conscients de ces difficultés Obama et Hollande veulent faire du spectaculaire, mais sans atteindre l’irrémédiable. C’est une opération de COM à visage militaire qu’ils préparent. Dans leur arrogance, ils détaillent les cibles, affichent leur plan de bataille, c’est une promenade qui ne leur coûtera pas la vie d’un seul soldat. C’est une certitude, mais il y en a une autre : cette agression fera des victimes parmi les civils et renforcera la haine de l’Occident. L’impérialisme « humanitaire » est aussi abject que le colonialisme. C’est le père géniteur du terrorisme, perçu comme le seul moyen de défense des faibles face à l’arrogance impérialo-sioniste.

 
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