Blog de Jamal Berraoui

Syrie : Une guerre oubliée ?

Pendant 8 mois, la révolution syrienne est restée pacifique. Le peuple, dans sa majorité réclamait la liberté et la dignité, valeurs en contradiction absolue avec celles du régime d’Assad. Criminel, corrompu et par essence confessionnel. La communauté internationale, divisée pour des raisons géostratégiques, est restée spectatrice.

La militarisation, en l’absence d’une direction politique unifiée et jouissant d’une légitimité sur le terrain a été une catastrophe. Deux ans et cent mille morts après, l’impasse est totale.

La France et l’Angleterre sur la base des rapports des services de renseignement, ne veulent plus armer les opposants. La crainte fondée de voir les armes tomber entre les mains des Takfiristes est renforcée par les faiblesses de l’opposition extérieure. Celle-ci a changé cinq fois de tête en deux ans, alors que le choix de Burhan Ghalioun, écrivain connu et reconnu et personnalité indépendante paraissait cohérent. Il a été démis de ses fonctions trois mois après. Sur le terrain, Jihadistes et laïcs au sein de l’opposition s’affrontent militairement.

La Russie, l’Iran et le Hezbollah soutiennent Assad, seule l’Arabie Saoudite a acheté des armes offensives pour les Katiba. Politiquement, les USA ont levé le pied, en recherchant un accord avec Moscou. Le départ du régime criminel d’Assad n’est plus une condition.

L’Union Européenne, parce qu’elle craint un déchirement confessionnel, ne fait plus du dossier syrien une priorité. Genève II n’est que le cache-sexe de la renonciation. Le peuple syrien est livré à lui-même.

Assad est condamné à terme. Les succès relatifs de son armée ne doivent pas faire illusion. Mais il peut faire durer son agonie grâce aux soutiens qui sont les siens. Les chancelleries occidentales ont intégré et accepté cette perspective. De manière cynique, certains y voient même une opportunité pour dégager une direction « présentable » en appuyant d’éventuelles forces démocratiques.

Les morts, les destructions, les privations, l’horreur va continuer. Banki-Moon a dénoncé un drame de réfugiés « le plus grave depuis le Rwanda » selon ses mots. La Jordanie empêche, depuis deux semaines, les familles qui fuient le combat d’entrer sur son territoire. Le nouvel Emir du Qatar se fait plus discret que son père sur le sujet.

Les perspectives de ce que l’on appelle désormais « la crise syrienne » et non pas la révolution, sont sombres. Le contexte régional contribue à la reléguer en queue du tableau des priorités des puissances concernées. La comptabilité macabre n’y peut rien, l’émotion n’étant pas un moteur des politiques étrangères. Ceux qui ont participé à la militarisation de la révolution sont responsables du sang, du martyr des Syriens. La solution négociée pour une transition démocratique n’existe que dans les discours des marchands d’illusions. Cet aveu d’impuissance est le prélude à l’oubli d’une tragédie qui, pourtant, se passe sous nos yeux.

 
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