Tebboune agonise : une Algérie en pleine récession économique [par Mehdi Hijaouy]
Gouverner un pays, c’est en principe, être à la fois crédible et courtois mais aussi disposer d’un minimum de savoir-faire et de sagesse, en matière de management stratégique.
Pour le cas de Tebboune, c’est tout à fait le contraire, compte tenu qu’il ne dispose d’aucune de ces qualifications. C’est hélas, un Président, indigne de ce nom, à l’exemple de ses prédécesseurs, qui ne prend point au sérieux son travail, pour servir, avec dévouement et loyalisme, les intérêts du peuple algérien mais plutôt ceux liés – uniquement – à sa propre personne, à la junte militaire et ses généraux ! Tellement « out », ce Président délègue, depuis quelques semaines, ses activités sur le terrain à son Premier ministre Abdelaziz Djerad ou le cas échéant, à l’un de ses ministres.
Comme diraient certains : Abdelmajid Tebboune n’a plus – ni l’audace, ni même suffisamment de crédibilité – pour affronter un brave peuple algérien qui a tout compris et qui n’accepte plus de mensonge. Atteindre le sommet du pouvoir a été, pour Tebboune, une aubaine dont il n’avait jamais rêvé dans le passé, surtout qu’il a été élu dans un contexte de contestation massive, lors d’un scrutin marqué par un taux d’abstention record de près de 60 %, le plus important de toutes les présidentielles que ce pays ait connu, depuis l’ouverture démocratique de 1989.
En revanche, la victime c’est bel et bien ce pauvre peuple algérien qui en pâtit mais qui, grâce à son courage, se révolte sans relâche. Un Hirak qui ne se replie plus, malgré la violence continue que subissent ses partisans. Une barbarie dont se lamente la communauté internationale, revendiquée par de nombreuses ONG internationales, à l’exemple du Comité newyorkais pour la protection des journalistes (CPJ) qui a publié le 17 mai 2021 un communiqué sur son site, dans lequel il condamne, amèrement, l’arrestation massive et préjudiciable des journalistes. Selon Ignacio Miguel Delgado, représentant du CPJ pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, « Les autorités algériennes doivent se résigner que l’arrestation des journalistes ne cessera aucunement les manifestations dans le pays et pourrait en fait entraîner davantage ».
Tebboune abat l’économie algérienne
Etant dans une totale impasse politique et par ricochet, économique, ce Président – en fin de mandat – perd complétement les pédales et se retrouve dans l’irraison. Emettre une Directive présidentielle, du jour au lendemain, pour obliger les sociétés algériennes à rompre leurs relations d’affaires avec des pays soi-disant ennemis : C’est de la pure bêtise ! Finalement, il s’agit d’un message qui est destiné à tous les investisseurs étrangers désireux s’installer sur ce sol maghrébin ou du moins ambitionnant d’entretenir des relations d’affaires avec des partenaires algériens. Mais aussi – et ce qui est encore plus grave – d’empêcher ses citoyens de mener leurs commerces en toute liberté ! Juridiquement parlant, c’est une manière de démontrer à la communauté internationale que l’Algérie est une terre d’injustice, avec un climat d’affaire non éthique et avec une quasi-absence de toute transparence. Dans ce cas, il faudrait également interdire les appels d’offres à l’international ou empêcher, dans le cadre d’une prochaine Directive présidentielle, certaines nationalités de soumissionner. Chose qui va à l’encontre des principes de Droit international, de liberté et de commerce.
Pourtant, l’Algérie passe par une sérieuse et profonde crise budgétaire, due, essentiellement, à l’écroulement des prix des hydrocarbures et à l’aggravation de la pandémie de Covid-19. Autant de questions qui n’ont pas manqué – non plus – de contribuer, de manière très significative, à la hausse du taux de chômage, à un endettement domestique, à une paupérisation, aux flambées des prix des produits de première nécessité et des pénuries de denrées de base, ainsi qu’à une érosion des réserves de change !
Sans pour autant oublier ce front social (Hirak algérien), en forte agitation qui a réussi, en un temps record (2 ans), à s’imposer, de fond en comble, atteignant un degré de maturité fort appréciable, qui en fait, incontestablement, un mouvement organisé et structuré, auquel adhérent, aujourd’hui, aussi bien les acteurs civils que les partis d’opposition. Une réelle force de frappe qui finira, dans les prochains jours, à « faucher » un Président déboussolé et démasqué, qui tente, en tout échec, d’éteindre le déchainement social, en ordonnant, ironiquement, à son gouvernement d’ouvrir un dialogue avec les partenaires sociaux.
Toutefois, convaincu de la mauvaise foi de ces gouvernants, le HIRAK ne se laisse, nullement, ni manipuler ni amadouer par de fausses promesses, sachant qu’un tiers du budget algérien est déjà avalé par l’armée et la sécurité alors que le développement du pays est totalement négligé et laissé pour compte. Ce constat est établi par les analystes les plus en vue, en gestion de politiques publiques, aussi bien algériens qu’étrangers. L’aveu de l’ancien ministre du Trésor (Ali BENOUARI), le mieux placé pour juger au moindre détail la « cuisine interne » algérienne, dans une chaine télévisée, semble être le meilleur argentier pour établir, avec minutie, les comptes !
Les choses se dégradent de plus en plus : selon un communiqué du 17 mai 2021 de la Société des eaux et d’assainissement d’Alger, annulé subitement le lendemain, il avait été annoncé que la population de la capitale n’aura plus accès, à partir du 18 mai 2021, au pétrole bleu, que quelques heures pendant la journée. Selon des sources présentes à Alger, l’annulation de ce communiqué a été motivée par une crainte des fortes représailles de la population, qui ne tolère plus de se faire marcher dessus. Ces sources ont insisté pour que le message ci-après soit adressé à Tebboune :
« Vous ne vous contentez pas de tirer pleinement profit des barils de pétrole, mais vous allez bien au-delà, en nous privant même de la ressource la plus vitale, qu’est l’eau, …… Vaut mieux, pour vous, d’abandonner votre mandat présidentiel car le Hirak – que toute la population soutient – ne vous lâchera plus ».
Ce qui explique la situation dramatique liée à la pénurie en eau que le pauvre peuple endure, grâce, essentiellement, à une mauvaise gestion étatique qui n’arrive pas à prioriser ses actions, parfois même à caractère extrêmement vital.
Tebboune jalouse le Maroc
Au lieu de tirer leçon de l’ingéniosité du Maroc au niveau de tous les plans, y compris économique, le président algérien ne cesse d’agir, en gavroche, en obligeant, notamment, les entreprises algériennes à rompre tous contrats de prestation avec les entreprises marocaines. Pourtant et comme le précise l’hebdomadaire Jeune Afrique, en date du 18 mai courant, dans son site électronique : «Il y a seulement cinq ans, l’Algérie était le premier partenaire africain de son voisin marocain, avec des échanges de près de 8,5 milliards de dirhams (environ 793 millions d’euros, à la fin de 2016) ». Ce qui démontre – si besoin est – qu’une telle position algérienne se porte à elle-même forte nuisance.
En effet, le Maroc, grâce à la clairvoyance de SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI QUE DIEU LE PROTEGE, a largement fait ses preuves, à tous les niveaux. Au bout du compte, ce sont les bons résultats qui comptent. A cet égard et selon le Rapport de Doing Business 2020, le Royaume est classé au 53e rang mondial, alors que l’Algérie se positionne en queue de file, à la 157e place! Au lieu de suivre le bon sens, Tebboune et les caporaux plongent dans une affaire de pure jalousie, développant une allergie maladive contre un voisin qui aurait pu faire sortir ce brave peuple algérien de sa crise.
Mehdi Hijaouy est expert en sécurité, défense, stratégie et intelligence économique
Fondateur du Washington Strategic Intelligence Center
Executive MBA en « Stratégie d’Influence, Négociation et Guerre Psychologique » – EGE1, Paris
Executive MBA en « Management des Risques, Sûreté Internationale et Cybersécurité » – EGE, Paris