Tourisme

Tourisme national : un secteur d’avenir

Depuis longtemps « oublié », les pouvoirs publics essaient de faire renaître le tourisme national. Pour cela la vision et l’approche adoptées devraient aller bien au-delà du conjoncturel.

Avec le transport aérien, le secteur du tourisme est sans aucun doute un secteur décimé par la crise sanitaire. L’instabilité actuelle, inhérente aux incertitudes de la phase post-confinement, a certainement aggravé la situation, privant ainsi les ménages marocains du minimum de visibilité pour pouvoir programmer leurs vacances.
Dans l’urgence, pour essayer d’atténuer les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur les activités touristiques, le département concerné a prévu six mesures pour encourager le tourisme national : budget de promotion pour stimuler la demande locale ; mise en place d’une plateforme collaborative de distribution pour le tourisme local ; renforcement des lignes intérieures avec un désengorgement des destinations classiques ; révision du calendrier des vacances scolaires pour pouvoir étaler la saison et optimiser les flux de clientèle ; mise en place de crédits vacances et défiscalisation des « chèques vacances ». Les résultats atteints semblent assez timides.
Nous sommes presque à la mi-août et, bientôt, ce sera la veille de la rentrée scolaire qui suscite d’autres priorités. Une partie de la classe moyenne supérieure, habituée à se rendre au sud de l’Espagne, est partie découvrir Saïdia, dans la région orientale, ou Agadir, Dakhla, au Sud… C’est une bonne chose. Mais c’est un « choix par défaut ».

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Selon de nombreux pronostics, les effets de la crise actuelle seront plus durables que prévus. Et le tourisme national comme alternative sérieuse mérite un traitement plus que conjoncturel et épidermique. Les marocains, dans leur écrasante majorité, ne connaissent pas suffisamment leur pays, ni géographiquement, ni historiquement, à travers les sites, les monuments… Le rôle des médias nationaux est fondamental à ce niveau pour susciter ce besoin, réveiller la curiosité, contribuer à une réhabilitation des terroirs, sans verser dans le chauvinisme. Les infrastructures routières pour accéder à certaines régions, surtout les montagnes, les forêts, les déserts…, sont dans un état lamentable. Réparation et entretien de ces infrastructures sont une priorité stratégique. Les familles marocaines ont souvent un pouvoir d’achat limité et l’offre ne correspond pas souvent à leurs demandes. Les ménages marocains préfèrent louer des appartements meublés, des bungalows ou chalets. L’offre des comités des œuvres sociales (COS) relevant des établissements et des entreprises publics est plus proche de ce type de demandes. Les acteurs du tourisme devraient s’en inspirer.

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Par ailleurs, l’obstacle principal réside au niveau des prix, trop élevés par rapport aux bourses de la plupart des marocains. Néanmoins, la réduction des coûts ne devrait pas sacrifier la qualité de services.
Le Maroc est une grande nation avec des racines historiques bien ancrées dans la mémoire collective de sa population. C’est le vrai capital immatériel des marocains à investir, pour favoriser un agréable déconfinement, pas seulement sanitaire.

 
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