Tourisme : quel manque de rigueur !
Le débat sur le tourisme est un thème récurrent depuis des décennies. Nous nous posons les mêmes questions, la principale étant la faiblesse du taux de retour qui persiste, même si Marrakech et Essaouira ont fidélisé une partie importante de leur clientèle. Le tourisme intérieur se développe parce que la classe moyenne a émergé, que les vacances en famille sont devenues une nécessité.
Mais nous n’arrivons pas à nos objectifs, ni la vision 2010, ni celle de 2020 n’ont abouti. Il y a 300 millions de Chinois qui voyagent chaque année, et nous sommes satisfaits d’en recevoir 120.000, alors qu’on peut multiplier ce chiffre par dix à très court terme.
L’administration et les professionnels se renvoient la balle indéfiniment. C’est une situation ubuesque, affligeante. Ces deux entités sont co-responsables, mais le tourisme est transversal. Un pays touristique est d’abord un pays accueillant où la police, les transports sont disponibles pour les visiteurs et où les commerçants ne traitent pas les touristes en vaches à lait. C’est toute une pédagogie à développer, avec sans doute, un périmètre plus élargi pour la police touristique, qui doit réprimer les hausses de prix et les arnaques.
« Durant la fête de l’Aïd, les centres d’information touristiques étaient fermés, alors que des milliers de Marocains avaient bougé »
Mais si l’on considère que le tourisme est une priorité, si l’on exige des interventions multisectorielles pour donner à la destination Maroc toutes ses chances, il faut dénoncer des manques de rigueur impossibles ailleurs.
Durant la fête de l’Aïd, les centres d’information touristiques étaient fermés, alors que des milliers de Marocains avaient bougé. A Fès, la bibliothèque d’Al Quarawyine était fermée. Or, c’est le seul monument accessible aux non-musulmans. Le site est extraordinaire parce qu’il a recueilli les manuscrits d’Ibn Khaldoune, d’Averroès, sa simple visite resitue le Maroc dans sa dimension andalouse, sa participation à la civilisation humaine. C’est fermé, alors qu’il suffit d’instaurer un système de permanence, en respectant le droit des salariés.
Le manque de rigueur concerne aussi les marchands ambulants. Ils harcèlent les touristes, finissent par vendre leurs produits dix fois moins cher que le prix annoncé. Une touriste victime m’a dit «les Marocains sont de grands tricheurs», difficile d’avoir un bon taux de retour, même avec de beaux hôtels dans ces conditions.