Tourisme : un difficile changement de paradigme
Au-delà des aspects conjoncturels, la crise sanitaire a révélé des maux bien plus profonds, de nature structurelle. Le grand défi est de transformer cette crise en opportunité. C’est possible, mais, certaines ruptures préalables sont nécessaires.
La démarche officielle est celle du pompier. Normal, il faut faire face aux urgences. Éteindre le feu, et après ? Attendre qu’un autre incendie se déclenche, peut-être plus grand et plus dévastateur ?
Certes, un récent rapport du FMI confirme, dans ses projections, l’impact négatif et durable de la crise sur le tourisme, au niveau mondial. Et le Maroc figure parmi les pays les plus impactés. D’où le « Contrat-Programme-Tourisme », signé entre l’Etat et les professionnels où il est surtout question d’appui financier, en termes de crédits spéciaux tels que « Damane Relance » pour l’hôtellerie, les transporteurs et les voyagistes, et le soutien de 2000 dirhams aux salaires, jusqu’à fin décembre 2020. L’objectif immédiat est le maintien des emplois et la préservation des activités touristiques, ainsi que celles qui en dépendent étroitement, la stimulation de la demande interne et la mise à niveau des divers acteurs. Dans ce sens, le dispositif d’aide mis en place comporte 21 mesures. Mais loin d’adopter une démarche globale et une méthode à deux vitesses, l’attitude dominante est celle des « équilibristes », privilégiant quasi-exclusivement le financement.
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Néanmoins, les mécanismes de financement prévus sont limités aux entreprises touristiques solvables avant la crise sanitaire actuelle. Un moratoire sur les crédits et le leasing pour les entreprises et les salariés, est prévu, ainsi que des crédits garantis par l’Etat, soit « Damane Relance » pour les PME/TPE dont le chiffre d’affaires est inférieur à 10 millions de dirhams, et « Damane Relance hôtellerie », à un taux d’intérêt de 3,5%. Une indemnité forfaitaire de 2000 dirhams est aussi prévue pour chaque salarié sous condition de maintien de 80% des salariés. Une aide de 2000 dirhams sera accordée aux guides en situation régulière.
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En fait, dans leurs réactions, la majorité des professionnels du secteur accordent une priorité au tourisme international. Cela se vérifie dans la plupart des déclarations. Le tourisme national ne semble guère être une alternative. En tout cas, pas dans l’immédiat. Tous parlent d’ouverture des frontières et de besoin de visibilité au niveau du transport aérien. Abdellatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme résume cette vision : « Le tourisme est basé sur deux éléments : la capacité d’hébergement et l’aérien. Sans ce dernier, nous ne pourrions pas parler de relance ». Ainsi la gestation d’une nouvelle vision du tourisme, avec un retour aux sources, tout en s’inscrivant dans des perspectives innovantes, en termes de respect des équilibres environnementaux, semble encore assez lointaine.
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