Transferts MRE, recettes Voyages, IDE : une perte de plus 54 milliards de DH en 2020 à cause du coronavirus
Forte pression sur les rentrées de devises au Maroc. La crise a fait chuter les arrivées des touristes, les investissements directs étrangers (IDE) et les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui sont les trois les principaux pourvoyeurs de devise pour le royaume. Si les effets de crise ne seront que visibles que dans les deux à trois mois, une note de CDG Capital donne une idée sur ce que le Maroc pourrait perdre en devises à travers les transferts MRE, les recettes Voyages et les IDE.
Afin de faire face à la pandémie du coronavirus, le Royaume a pris d’importantes mesures sur le plan sanitaire. Celles-ci ont également un coût sur le plan économique comme la fermeture des frontières au transport de personnes. S’il est évident que ces mesures impactent directement les secteurs du transport et du tourisme, il n’en demeure pas moins qu’elles auront des conséquences négatives sur la balance des paiements et les réserves de devises du Royaume. En effet, les secteurs pourvoyeurs de devises pour le pays seront affectés. Si pour l’export, c’est le ralentissement du commerce mondial dû au coronavirus qui impacte durement les deux secteurs phares dans les exportations marocaines, notamment l’automobile et le textile, du côté des recettes de voyages, des transferts des Marocains résidants à l’étranger (MRE) et des investissements directs étrangers (IDE), subissent une forte pression à cause du confinement et de la fermeture des frontières. CDG capital qui vient de rendre publique une étude sur l’impact du covid-19 sur l’économie marocaine s’attend une grande chute des recettes du tourisme et des transferts des MRE ainsi des IDE. Selon la filiale du Groupe CDG , pour l’année 2020, en dépit de l’atténuation prévue du déficit commercial, en liaison avec le recul des importations, en volume et en valeur les réserves de change devraient subir l’impact négatif de la baisse des trois piliers compensateurs du déficit, qui sont le solde du tourisme, le transfert des MRE et des IDE. En effet, l’atténuation du déficit commercial, devrait provenir d’un côté de la conjoncture internationale, notamment le recul des cours de matières premières et énergétiques, que du côté national, avec le recul de la demande nationale associée à la résistance de certaines branches importantes à l’exportation, particulièrement l’agroalimentaire et les phosphates et dérivés, dont les parts dans les importations sont considérables, soit 21,5 % et 17,3 %, respectivement en 2019.
Toutefois, selon CDG Capital, la conjoncture défavorable chez les partenaires, fortement affectés par la propagation de la pandémie du covid-19 et les dégâts associés, particulièrement d’ordre sanitaire et économique, devrait impacter d’une manière accentuée le flux global émanant des trois sources. Du coup, la société de gestion collective spécialisée sur les marchés financiers prévoit un recul de plus de 50 milliards DH en termes de rentrées de devises pour ces trois sources. « Sur la base d’une hypothèse de recul de 50 % du solde voyage, de 30 % des transferts des MRE, ainsi qu’une baisse similaire à celle de 2019 des IDE, soit -42 %, le flux net global émanant de ces trois sources devrait reculer – 54,5 milliards de DH, estimés pour l’année 2020 », pronostique la filiale du Groupe CDG.
Priorité aux importations de produits de 1ère nécessité
Aujourd’hui, le niveau actuel des réserves de change permet de couvrir l’équivalent de plus de 5 mois d’importations de biens et services, avait indiqué Abdellatif Jouahri, le gouverneur de Bank Al Maghrib, le 17 mars dernier à l’issue de la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM). Sur le terrain, il faut souligner également que les sorties de devises sont autorisées avec parcimonie. Le refinancement en devises destinées aux importations de produits de première nécessité reste prioritaire. Pour prendre les devants, le Maroc a procédé, le 7 avril, à un tirage sur la Ligne de précaution et de liquidité (LPL), mise à sa disposition par le FMI, pour un montant équivalent à près de 3 milliards de dollars, remboursable sur une période de cinq ans, avec une période de grâce de trois ans. A noter que le Royaume peut toujours si nécessaire faire une autre sortie souveraine sur le marché international. Déjà en novembre dernier, il marquait son retour sur ce marché en levant 1 milliard d’euros sur 12 ans avec des conditions exceptionnellement avantageuses. Une deuxième levée est prévue en 2020. Ainsi, au lieu des 31 milliards de DH que l’État pouvait lever en 2020, il sera possible que le Maroc s’endette tout en conservant des réserves en devises suffisantes pour couvrir ses besoins d’importations et ne pas bouleverser l’équilibre dans lequel était le dirham face à l’euro et au dollar.
Lire aussi : Le creusement du déficit de liquidité du système bancaire devrait se poursuivre en 2020