« Très inquiet », le Conseil de sécurité reste divisé sur la crise Maroc-ONU
Le Conseil de sécurité s’inquiète des conséquences de la querelle entre l’ONU et le Maroc sur le Sahara mais n’a pas pu se mettre d’accord sur une position commune, a indiqué jeudi son président, l’ambassadeur angolais Ismael Gaspar Martins. Chaque membre du Conseil individuellement va dialoguer avec le Maroc pour tenter de « stabiliser la situation » et de « la faire évoluer de manière positive », a-t-il indiqué à la presse après des consultations à huis clos. « Le Conseil s’est déclaré très inquiet » de cette querelle, a-t-il souligné.
Il n’a toutefois pas exprimé de soutien public au secrétaire général Ban Ki-moon, ni enjoint Rabat de revenir sur sa décision de couper les vivres à la mission de l’ONU au Sahara (Minurso) et de déclarer persona non grata l’essentiel de son personnel civil international, au risque de la paralyser.
Au cours du débat, la France, l’Espagne, l’Egypte, le Japon ou le Sénégal ont pris le parti de Rabat, ont indiqué des diplomates.
Un haut responsable de l’ONU a averti le Conseil au début de la réunion que les mesures de rétorsion marocaines « vont rendre (la Minurso) incapable de remplir son mandat » et a demandé que Rabat fasse machine arrière. Selon des diplomates, le secrétaire général adjoint aux affaires politiques Jeffrey Feltman a affirmé que si la mission est empêchée de fonctionner, cela pourrait menacer la paix et la sécurité régionales. M. Feltman a aussi souligné qu’une telle expulsion de la plus grande partie d’une mission de l’ONU était sans précédent.
Décisions ‘irrévocables’
Toujours selon des diplomates, M. Feltman a souhaité « un retour à une relation normale » avec Rabat. Mais il a reconnu que l’ONU et le Maroc avaient des vues « fondamentalement différentes » sur un règlement de ce conflit: la première prône des négociations sur le statut final du territoire alors que Rabat estime qu’il fait partie intégrante du royaume.
Juste avant la réunion, le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar avait une nouvelle fois haussé le ton, menaçant l’ONU de nouvelles sanctions et affirmant à des journalistes: « le Maroc a pris des décisions, elles sont irrévocables ». Le Maroc a décidé de supprimer une contribution financière de trois millions de dollars à la Minurso et demandé à 84 des 88 membres expatriés civils de la mission de quitter le territoire en quelques jours.
La gouvernement marocain a été ulcéré d’entendre le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, en visite début mars à Tindouf (Algérie), parler d' »occupation » à propos du statut du Sahara.
Le Maroc est cependant revenu sur sa menace initiale de retirer tout ou partie de ses 2.300 Casques bleus servant dans d’autres missions de l’ONU, notamment en République démocratique du Congo.
(avec AFP)