Troubles du sommeil : 80% des cas non diagnostiqués, ni traités
La Fédération marocaine de médecine de sommeil et vigilance (FMMSV) part en guerre contre les troubles du sommeil. Enquête nationale, campagnes de dépistage… plusieurs pistes sont envisagées.par Roland Amoussou
Le 18 mars dernier était la Journée mondiale du sommeil. En marge de cette journée, la Fédération marocaine de médecine de sommeil et vigilance (FMMSV) a organisé une rencontre avec la presse pour sensibiliser le grand public sur les pathologies liées aux troubles du sommeil. D’abord, il faut savoir que les personnes qui souffrent de ces troubles ignorent totalement leur existence, de même que les médecins qui les suivent (médecins généralistes). Ce qui fait que 80% des cas ne sont ni diagnostiqués, ni traités. Jusqu’à présent, aucune étude approfondie n’existe sur le sujet au Maroc. Quelles sont ces pathologies responsables du trouble du sommeil chez l’homme ? Selon la fédération, elles sont de plusieurs ordres. L’apnée du sommeil. Il s’agit d’une maladie qui est encore méconnue, sous diagnostiquée et non traitée au Maroc. Elle est caractérisée par des arrêts respiratoires pendant le sommeil, en rapport avec l’obstruction partielle ou totale des voies aériennes supérieures, se terminant par un bruit sonore qui est le ronflement. On note aussi le bruxisme nocturne. Il se traduit par le grincement ou le serrement intempestif des dents durant le sommeil, plus ou moins silencieux.
Jusqu’à 20% des accidents de la route causés par le manque de sommeil
Il concerne à la fois l’enfant et l’adulte. Il y a également la narcolepsie qui est une maladie rare (touchant environ 0,05% de la population), se traduisant par une somnolence diurne, habituellement associée à d’autres manifestations. «95% des cas ne sont pas diagnostiqués parce qu’on n’y pense pas tellement. Le ronflement, par exemple, n’est pas un signe de bonne santé nocturne», explique Mohamed Ibrahimi, pneumologue et Président de la FMMSV. Selon le CNPAC (Comité national de prévention des accidents de la circulation), jusqu’à 20% des accidents de la route ces dernières années sont liés au manque de sommeil. «On a remarqué sur les cinq dernières années, qu’au moins 17% des accidents impliquaient un seul véhicule sur la route. C’est un véritable phénomène qu’il faut combattre», confie une source au CNPAC. Pour les membres de la fédération, il est grand temps d’agir. Dans ce sens, la FMMSV a lancé une enquête nationale à travers les réseaux sociaux, qui va lui permettre d’avoir une idée plus ou moins précise de l’ampleur de ce sujet au sein de la population marocaine. La fédération a également déployé des actions de sensibilisation grand public, notamment à travers les médias et les réseaux sociaux. De même, on note la mise en place des structures de soins lorsque le sommeil devient pathologique. L’enquête nationale a aussi été associée à des campagnes de dépistage des troubles du sommeil.