Sport

Tsunami de mots dans un désert

Le match Maroc-Libye de la semaine dernière a été insipide, car nos joueurs internationaux nous y ont servi une copie dont ils ont, hélas, une sacrée habitude. Que ce soit sous la férule de n’importe quel entraîneur national, nos Lions de l’Atlas brillent, parfois, par leur absence. Absence de motivation ? Absence de poigne, de sérieux ? Absence de leader ? On ne saurait répondre et celui, d’ailleurs, qui trouverait la réponse de cette énigme aura, du même coup, rendu un fief service à notre DTN (Direction Technique Nationale) qui épuise les responsables nommés à sa tête sans que l’on ne voit le moindre progrès à l’horizon.

On l’a constaté sur le terrain à Oujda, notre équipe nationale donne l’impression d’aller très mal, le coach Vahid Halihodzic faisait une drôle de tête sur son banc de touche. Il montrait le visage d’un homme atterré, ne s’expliquant pas comment les joueurs Libyens, supposés plus faibles, pouvaient résister et malmener l’équipe marocaine issue de championnats et de fédérations dont la Libye ne peut même pas rêver à l’heure actuelle. 

Vahid trouvera des réponses techniques à cette inénarrable prestation : absence de joueurs majeurs, niveau général plutôt très moyen et absence d’ambition quand la motivation n’y est pas. 

On laissera le coach national à ses soucis, même s’il peut faire peine à voir après chaque conférence de presse où certaines questions sont souvent hors sujet, cela on y reviendra plus loin. Pour l’instant, on plaindra ici ce magnifique public d’Oujda qui a fait la fête aux Lions de l’Atlas et qui n’a pas eu droit au spectacle que sa présence aurait mérité. En foot, le spectacle ce sont les buts, l’engagement des acteurs sur le champ de jeu, et le score victorieux qui flatte l’égo des spectateurs. A Oujda, il n’y eut rien de tout cela, surtout du côté de nos nationaux qui n’ont pas compris l’intérêt de ce match. Or, comme cela est déjà arrivé dans le passé, on doit bien se dire que quel que soit le coach et ses choix, l’équipe nationale « oublie » d’adhérer au projet. Pour ceux qui seraient restés sur l’euphorie du match qualificatif au Mondial 2018 de Russie, on rappellera le ratage avec un grand R du match face à l’Iran, en ouverture dudit Mondial. La défaite face à l’Iran, aussi injuste qu’inattendue a eu des conséquences catastrophiques, et pas seulement sur le plan sportif. Commodément le bon peuple a mis cet échec sur le dos de Renard, et tout le monde a pu ainsi sauver la face, sans chercher à creuser plus loin.

Quelques mois plus tard, au Caire, en CAN 2019, le Bénin nous renvoyait à nos chères études avec un Renard qui, averti par expérience, avait déjà négocié sa future escale, et une FRMF… à la recherche d’un nouveau « sauveur ». Vahid Halihodzic, technicien au-dessus de tout soupçon, a accepté de se coller à la mission sauf qu’il y a mis des conditions que personne n’a vu venir.

N’étant ni un mercenaire ni un technicien qui cherche une place au soleil, Vahid, en homme sincère, veut dire à tous leurs quatre vérités. Cet homme a refusé le pont d’or que lui avait proposé l’Algérie, dont il a porté les « Fennecs» très haut lors de la Coupe du Monde 2014 au Brésil et il n’est pas venu au Maroc pour avaler couleuvre sur couleuvre.

La FRMF a en face d’elle un homme rigoureux qui a des principes et qui respecte les engagements du football.

Même pour plaire à l’opinion publique, il ne dira jamais que le foot marocain est le meilleur d’Afrique et encore moins de la planète.

Ses conférences de presse ne sont que des évidences assénées face à des gens des médias dont l’enthousiasme, pour l’équipe nationale, devient douteux à force d’être opportuniste et chauvin. Le dialogue de sourds n’est pas loin, et on sait que dans de tels débats aussi foireux qu’inutiles, ce n’est pas le coach qui gagne quand les coups durs surviennent. Après le ratage d’Oujda où l’on a retrouvé le désert technique et tactique où peuvent se complaire des joueurs détachés de toute réalité, on a eu droit à une avalanche de mots, avec titres dévastateurs, condamnations péremptoires et conclusions hâtives.

Dans un mois, le rendez-vous de Rabat avec la Mauritanie, un match qualificatif, devient déjà crucial.

Un mois c’est très court, surtout lorsqu’on ne maîtrise rien : ni les joueurs, ni l’environnement. C’est cela la réalité du football marocain et c’est cela qui nous donne des soirées comme celle du match d’Oujda.

Du Hamdallah jusqu’à plus soif 

L’ancien joueur de l’O.C Safi, devenu buteur légendaire en Norvège, en Chine et en Arabie Saoudite, est véritablement un phénomène. Sans rien faire ou presque, il arrive à semer la pagaille au sein des Lions de l’Atlas. Disons que ceux-là évoluent déjà dans un milieu fragilisé par des tonnes de polémiques. On ne dira pas ici qui a tort ou qui a raison, mais on se rangera derrière le cri du cœur de cet autre chevronné buteur, d’autant plus sympathique que jamais il ne se prit pour ce qu’il n’est pas. Merry Krimau, c’est de lui qu’il s’agit, a dit l’autre jour au micro de son émission sur Radio Mars : « Ça suffit, je vous jure que si vous me parlez encore de ce Hamdallah, je m’en vais, j’en ai plus que marre ». Nous aussi.

Bon courage Fathi Jamal

Feu notre confrère Ahmed Belkahia, a dû se retourner dans sa tombe, lui qui était un rajaoui convaincu et un ami de longue date de Fathi Jamal. Il aurait été scandalisé de voir ce qui est arrivé à son cher Jamal obligé de démissionner sur une sombre affaire d’attouchement sexuel sur mineur. Histoire difficile et compliquée que le communiqué officiel du Raja n’a pu expliquer. On ne demande pas aux gens d’écrire comme un écrivain classique du siècle des lumières, mais au moins d’être clair. Ou bien est-ce donc si compliqué d’être clair dans le foot marocain et ses clubs ?

 
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