Turquie, Egypte : Islam et démocratie
Face aux manifestations, les Islamistes Turcs ont choisi la manière forte. Erdogan a réuni des dizaines de milliers de ses supporters pour annoncer qu’il allait « nettoyer » la place Taksim. Dans la foulée, son ministre de l’Intérieur lui, a prévenu qu’il allait réprimer la grève générale, à l’appel des deux syndicats les plus importants de Turquie, grève qu’il considère illégale.
Nonobstant les revendications qui ont trait à la défense de la laïcité, il s’agit là d’une attaque frontale contre les droits de manifester et de faire grève, droits basiques en démocratie. L’AKP, majoritaire dans le pays, ne laisse plus aucun espace à l’opposition. Il veut rayer de la carte l’héritage d’Ataturk, islamiser la société, verrouiller l’Etat. Pendant dix ans, il a donné le change, mais là, ils prouvent que leur adhésion aux valeurs de la démocratie n’était que tactique.
Le président Egyptien n’a pas attendu 10 ans pour virer fasciste. Il a nommé 17 préfets, dont 7 membres des frères musulmans qui ne sont pas issus de l’administration territoriale. Il a participé à un meeting où les takfiristes s’en sont donnés à cœur joie. Il soutient les appels au Jihad en Syrie. Les frères musulmans Egyptiens montent à l’assaut de l’Etat, bafouent la justice qui a annulé la constituante et donc la constitution.
Dans les deux cas, les Islamistes ont utilisé la voie démocratique pour la saper ensuite. La démocratie c’est un socle de valeurs consensuel autour duquel s’organise la vie en commun. Après les élections, les alternances se jouent autour de politiques publiques, sans jamais remettre en cause le socle de valeurs consensuel initial. Il ne s’agit plus d’un procès d’intention, mais d’un constat. La tendance totalitaire fait partie de l’ADN des Islamistes. Dès qu’ils sont majoritaires, ils pensent pouvoir façonner la société, prendre en otage l’Etat, mettre hors course leurs opposants. Le modèle turc que l’on vantait souvent s’effrite sous nos yeux. En Egypte et en Tunisie, ils prouvent chaque jour leur faible propension à respecter les droits des autres. En Syrie, c’est encore plus clair, ils refusent l’accès aux responsabilités aux minorités. L’intégrisme n’a pas sa place en démocratie, c’est la première leçon de ce que nous vivons.