Coopération

UMA. 5 recommandations pour améliorer la performance commerciale

Dans un billet publié en 2017 sur le site du Forum économique mondial, Wadia Ait Hamza, directeur de la Communauté des Global Shapers, a listé cinq recommandations susceptibles d’améliorer la performance commerciale de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Cette analyse démontre que la rupture des relations diplomatiques par l’Algérie avec le Maroc nuit à l’intégration de l’Union. Elle souligne également que le Maroc et l’Algérie, deux pays voisins, sont condamnés à s’entendre pour leur propre bien et celui de cette Union. Toujours d’actualité, nous le proposons à nos lecteurs.

Dans le monde d’aujourd’hui, il est de plus en plus difficile pour les pays non intégrés d’être économiquement ou politiquement viables. Il n’est tout simplement pas soutenable que des pays soient isolés dans leur propre bulle. Ces nations devraient surmonter leur esprit de compétition et rechercher des moyens de coopérer avec leurs pairs.

Le Maghreb, en Afrique du Nord, est l’exemple parfait d’une région dont les pays n’ont pas su trouver le chemin d’une intégration plus profonde. Seul le niveau de coopération le plus élémentaire existe entre les cinq pays de la région : Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie, malgré le fait que l’Union du Maghreb Arabe a été créée il y a plus de 25 ans dans le but de construire un bloc économique puissant dans le Région.

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Le potentiel de la région est énorme, surtout si ses pays travaillent ensemble. Cependant, le commerce entre les pays du Maghreb ne représente que 4,8% de leur volume commercial, selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et il représente moins de 2% du produit intérieur brut (PIB) combiné de la sous-région, selon la Banque mondiale. Cette région est l’un des blocs commerciaux les moins performants au monde.

Si les cinq pays maghrébins étaient intégrés, chacun gagnerait au minimum 5% de hausse du PIB. Un rapport de la Banque mondiale sur l’intégration économique au Maghreb a estimé qu’une intégration plus poussée, y compris la libéralisation des services et la réforme des règles d’investissement, aurait augmenté le PIB réel par habitant entre 2005 et 2015 de 34% pour l’Algérie, 27% pour le Maroc et 24% pour la Tunisie.

Plutôt que de se concentrer sur les problèmes ou même leurs racines, qu’elles soient idéologiques ou économiques, les pays du Maghreb devraient chercher des solutions. Pourquoi ne pas tirer les leçons des régions intégrées telles que l’Europe, les pays du Golfe ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui peuvent toutes être considérées dans une certaine mesure comme des cas réussis d’intégration régionale ?

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Pour réussir à établir une intégration plus fructueuse et plus profonde, les pays du Maghreb devraient travailler étroitement ensemble dans le but d’appliquer les cinq recommandations décrites ci-dessous.

1- Mettre en œuvre la libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux
Cela commence par l’ouverture des frontières entre voisins. Les frontières entre l’Algérie et le Maroc (les deux plus grands pays de la région) sont fermées depuis 1994 et la circulation entre eux n’est possible que via des vols quotidiens entre Casablanca et Alger. C’est fou que des marchandises aient besoin de transiter entre ces voisins via le port français de Marseille alors qu’elles pourraient simplement traverser par voie terrestre.

Une infrastructure efficace et intégrée entre les pays, en particulier les chemins de fer et les routes, sera la clé du succès de cet objectif et il ne peut pas réussir, bien sûr, sans la levée des tarifs, des barrières commerciales et des quotas afin d’avoir un véritable marché. N’oublions pas que pour mettre en œuvre la libre circulation des marchandises, les pays du Maghreb doivent aborder la question de l’harmonisation des normes qui conduira à une meilleure coopération économique et politique. Les cinq Etats membres devraient profiter du fait qu’ils commercent fortement avec l’Europe comme une opportunité pour normaliser et harmoniser de nombreuses lois au niveau maghrébin.

2. Coopération en matière de sécurité
L’échange d’informations au plus haut niveau créera une région plus sûre, attirant ainsi plus d’investissements étrangers directs et plus de touristes. L’arrière-cour de la région est trop désordonnée pour que les cinq pays ne coopèrent pas afin de résoudre ces problèmes. Les investisseurs recherchent la stabilité politique et la sécurité. Le coût d’un manque de coopération intrarégionale est tout simplement trop élevé.

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3. Made in the Maghreb
Les pays du Maghreb peuvent s’entraider à plusieurs niveaux. Sur le plan interne, l’Algérie et la Libye sont des pays riches en ressources qui peuvent répondre aux besoins de leurs voisins. La Tunisie et le Maroc sont des pays agricoles et de services et peuvent répondre aux besoins de leurs compatriotes maghrébins avant même de penser à exporter vers l’Europe. Sur le plan extérieur, les cinq pays devraient exporter en bloc.

Jusqu’à présent, ils se sont toujours affrontés dans des secteurs tels que la construction automobile, le textile et les services. Cependant, les pays du Maghreb se soutiennent déjà dans certains domaines, comme c’est le cas dans le secteur de l’énergie où, par exemple, le Maroc pompe de l’électricité d’Algérie le vendredi et la renvoie le dimanche (le vendredi est jour de congé en Algérie, alors que le dimanche est un jour ouvrable).

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4. Coopération avec le Sud
 Les pays du Maghreb ne doivent pas tourner le dos à l’Afrique subsaharienne, perçue depuis des décennies par la région comme une menace en matière de migration, de criminalité et d’idéologie politique. Cependant, aujourd’hui, l’Afrique est une terre d’opportunités et elle peut être la solution à de nombreux problèmes du Maghreb. L’Afrique subsaharienne est un partenaire viable pour une coopération économique et politique durable.

5. Intégration politique
Les pays du Maghreb ont besoin de coopérer et de produire une politique sociale commune, notamment dans les domaines de l’éducation, des affaires étrangères et même (pourquoi pas ?) des institutions politiques communes. Ce processus devrait commencer par le renforcement du rôle de l’Union du Maghreb.

 
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