Un autre «mur de Berlin» tombe sous le charme de la musique soufie
Le premier festival marocain qui s’exporte en dehors de nos frontières nationales est celui de la musique soufie de Fès. C’est un rendez-vous annuel que le président Faouzi Skali transforme en lieu de débats autour de la spiritualité et de l’amour. Le chêne mythique du musée Batha a été présent lors de l’ouverture du festival de Fès, le mercredi 12 août à Berlin, dans l’espace Kreuzberg. C’est autour d’une table ronde sur le thème «religions de l’amour dans un monde de tensions» que les Berlinois ont goûté aux saveurs spirituelles des analyses faites par les différents intervenants. Le prince Rudolf, président du Forum des cultures, a été très fier d’avoir réussi à faire revivre l’esprit des fées à Berlin. La soirée s’est achevée après une belle prestation autour du chant et de la danse de la Tariqa Kalwatiyya et ses derviches.
Un des grands musées du monde accueille l’esprit de Fès
Le grand musée Pergame a accueilli les activités du deuxième jour du festival. C’est dans une des grandes salles consacrées aux arts islamiques que les cordes des instruments de musique se sont merveilleusement mariées aux cordes vocales marocaines et espagnoles pour offrir à un public, acquis à la beauté des expressions artistiques, un bouquet de chants soufis. La guitare de Javier Bergia et la voix de Begona Olavide ont présenté, à côté de Marwane Hajji et de Fatima Azzahra Qortobi, un beau spectacle faisant voyager les Berlinois entre les deux côtés de la Méditerranée. Le violon, le qanoun, le luth et les instruments de percussion ont permis de survoler le temps politique des crises pour offrir un espace de liberté dans la diversité qui a toujours existé entre les communautés d’Andalousie. Le dialogue entre les intervenants au Forum a permis d’inviter Farid Eddine Al Attar et son cantique des oiseaux, Zyriabe le Kurde et son apport à la musique andalouse. Ibn Arabi et Jalal Eddine Erroumi ont été présents le long des trois jours du festival fassi à Berlin. Savants et sages ont été présentés comme équation difficile à résoudre. La rationalité des savants, bien que nécessaire, ne conduit pas toujours à comprendre l’essence de l’existence humaine. La pensée soufie est diverse et n’offre pas d’armes pour combattre des ennemis, mais ouvre des voies à ceux qui veulent approfondir la relation à l’amour. Salamatou Sow a fait appel à certaines citations sur la nourriture des sages «qui est faite d’amour et de beauté» ou encore «l’homme est dieu lorsqu’il rêve et un mendiant quand il réfléchit…».
L’espace de Kreuzberg a vibré aux sons de la musique soufie
C’est en apothéose que le festival a fermé les portes de sa première session berlinoise. La troupe de Tarab Al Andaloussi, encadrée par Moulay Abdallah El Ouazzani et portée par les voix des jeunes talentueux Fatima Azzahra Qortobi, Marwane Hajji et les musiciens, a offert le voyage musical soufi de Halab, du Caire, d’Al Andalous et de Fès. Rabiâa Al Adawiya et Ibn Arabi ont été très présents dans l’espace culturel Kreuzberg et ont poussé les Berlinois à fermer les yeux et à laisser leurs corps bouger au gré de la fluidité des mots d’amour et des notes de musique. Le prince Rudolf et la princesse Felizitas ont grandement rendu hommage à Faouzi Skali et son équipe pour cette première initiative qui a trouvé un support auprès des ambassades du Maroc et de l’Espagne. «Challenge» a été remercié en la personne de Kamal Lahlou pour l’accompagnement de cette initiative tant à Fès qu’à Berlin.