Un drame et des responsables par ( Jamal Berraoui )
A Aubervilliers, en région parisienne, un immeuble vétuste a été incendié. Les enquêteurs ont privilégié la piste criminelle. On ne sait pas pour le moment s’il s’agit de l’acte d’un pyromane désaxé, d’une vengeance ou d’une opération immobilière, qui consisterait à brûler l’immeuble, pour obliger les locataires à le quitter et pouvoir en tirer un bon prix. Cela s’est déjà vu, et le même immeuble avait fait l’objet d’une tentative d’incendie il y a quelques mois. Il y a eu 4 victimes, parmi lesquelles une jeune marocaine.
Elle s’appelle Bouknitri Soukaïna, elle est âgée de 25 ans et est originaire de Safi. Son oncle Hassan, ses tantes Aïcha et Amina l’ont emmené en France très jeune. Sa mère Maria s’est mariée mineure et l’a donc eu à un âge précoce. Si je sais tout ça, c’est parce qu’il s’agit de mes cousins germains du côté de ma tante paternelle. La victime est ma petite cousine.
Les émigrés des années 2000 vivent dans une misère absolue. Ceux qui sont sans qualification ont très peu de chances de trouver un travail stable. Quand ils refusent de se compromettre dans les filières des trafics illégaux, c’est une vie de chien qui les attend.
Au Maroc, à part un reportage de 2M au temps de sa splendeur sur l’Italie, les médias publics refusent de mener une action d’information pour contrebalancer le rêve européen. Le ministère des MRE n’en pipe jamais mot. Or, il s’agit d’une action urgente pour deux raisons :
- Rendre service à ces jeunes et à leurs familles, qui s’endettent souvent pour leur permettre d’émigrer, parfois en achetant des visas, la corruption dans les consulats est un fait, alors qu’au bout il y a l’enfer.
- Rendre service aux migrants légaux, dans un contexte politique où les clandestins sont instrumentalisés pour les stigmatiser. Lors des municipales à Roubaix, la communauté des Français d’origine marocaine a voté en majorité pour le front national. C’est un vrai danger identitaire et il faut y répondre.
Il nous faut redonner confiance à notre jeunesse dans un projet national et la dissuader de prendre tous les risques pour mener une vie de précarité, de frustration ailleurs. Mais pour le moment, mes pensées vont à Maria ma cousine et son mari. Ce qu’ils vivent est atroce, la vie ne leur a rien épargné. J’espère que l’avenir sera plus clément pour eux parce qu’ils ne sont que quadragénaires.