Un fonds de 3 à 4 milliards de DH pour les PME
Devant l’augmentation des créances en souffrance, les banquiers sont de plus en plus réticents à accorder des crédits et les taux d’intérêt augmentent. Or, le contexte de crise demande un effort pour la relance. La Banque centrale met en place un fonds de garantie destiné essentiellement aux PME. La priorité est donnée à la création d’emploi et à la croissance.
C’est sans doute l’annonce phare du conseil de la Banque centrale qui s’est tenue ce mardi 17 décembre 2013. En effet, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al Maghrib a annoncé la mise en place d’un soutien aux PME, afin de leur permettre de faire face à la conjoncture. Il s’agira «d’un fonds de garantie destiné à faciliter l’accès au financement bancaire aux petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux entreprises intermédiaires, tous secteurs confondus», affirme le gouverneur de la Banque centrale. Sa mise en place est prévue dès 2014, après les réglages d’usage, notamment avec le Groupement professionnel des Banques du Maroc (GPBM), mais aussi l’Etat, certainement l’ANPME, le Trésor, mais aussi et surtout la Caisse centrale de garantie.
«Le fonds sera doté de 3 à 4 milliards de dirhams, dont l’essentiel des ressources proviendra du fonds collectif de garantie des dépôts (FCGD)», souligne Jouahri qui se réjouit que ce fonds de solidarité n’ait pas eu à servir ces dernières années. En effet, le FCGD est alimenté par une contribution régulière des établissements bancaires afin d’éviter que la faillite de l’un d’eux ne se répercute sur les clients. Le fonds en question est géré, pour le moment par la Banque centrale, en attendant la réforme qui en confiera le management à un organisme gestionnaire dont le capital sera détenu à la fois par les banques et leur autorité de tutelle, BAM.
Or, la bonne santé du système bancaire a justement permis de cumuler suffisamment de ressources qui ne demandent qu’à servir. En ces temps de ralentissement de la croissance des crédits, c’est visiblement le moment idéal pour rendre le FCGD utile aux clients qui en sont de toute manière, les contributeurs finaux.
A côté de ce fonds de solidarité, les banques participeront directement, mais aussi des organismes partenaires du Maroc comme l’Union Européenne à travers la BERD. En réalité, il ne s’agit pas exclusivement d’un fonds de garantie, puisque, selon Abdellatif Jouahri, il devrait aussi servir à financer directement la restructuration et la dette subordonnée des PME». Mais quoi qu’il en soit, ce fonds poursuivra deux objectifs principaux, en l’occurrence la relance de la croissance et la création d’emploi. C’est certainement là que devrait intervenir l’ANPME. Puisque même si les dossiers devront être présentés par les banques qui jugeront de leur viabilité, il faudra qu’un organisme puisse donner son avis sur les critères de contribution à la croissance et de création d’emplois.
Mais de toute évidence, il ne s’agira pas d’accompagner les petites et moyennes entreprises à tout prix. Le fonds vise la rentabilité ou du moins la viabilité. «Il ne s’agit aucunement de créer une «bad bank»», avertit Abdellatif Jouahri.
Il faut dire qu’un tel fonds est attendu par l’ensemble des acteurs, y compris par les banques elles-mêmes. En effet, après avoir connu une très forte croissance à deux chiffres, les crédits sont en train de se tasser avec un ralentissement ostensible. En effet, cette année 2013, les crédits bancaires ne devraient augmenter que de 3,5%. On est très loin de la croissance à deux chiffres qui a caractérisé le secteur bancaire dans la décennie 2001-2010. De plus, les créances en souffrance ne cessent d’augmenter, atteignant 6% à fin novembre 2013, ce qui contribue non seulement à influencer les primes de risques et donc les taux d’intérêt, mais aussi renforce la méfiance des banquiers vis-à-vis des clients. Or, le fait que les banques se montrent réticentes et que les taux augmentent ne permettront certainement pas aux entreprises de sortir de l’impasse dans laquelle, elles se trouvent. Ces 3 à 4 milliards de dirhams de financement direct et de garantie permettront peut-être d’inverser la tendance.