Portrait

Un guerrier économique

Ecole de Guerre Economique, ESSEC Ventures, Dauphine, Panthéon Sorbonne… Nacer Mekouar a toutes les armes pour se frayer une voie dans l’intelligence économique. Aujourd’hui, Commissaire général de l’International Marrakech Airshow, il ambitionne à ce que l’intelligence économique soit appliquée dans toutes les sphères économiques du Maroc. Par Ghizlane Tazi

C’est dans la soirée du mardi, que nous rencontrons Nacer Mekouar, nouveau commissaire de l’International Marrakech Airshow de 2016. Il venait tout juste de quitter un entrainement de football, passion qu’il a héritée de son grand-oncle, feu Mohamed Benjelloun Touimi, fondateur du Wydad de Casablanca en 1937.

Sur les traces de mentors
Âgé tout juste de 32 ans, Nacer Mekouar a un parcours des plus impressionnants. Le fil conducteur de son expérience vient de sa passion pour des mentors, à commencer par son grand-père Abbad El Mejjati, résistant istiqlalien décédé à l’âge de 24 ans. Il a aussi été passionné par le combat de Nelson Mandela, par Feu Sa Majesté Hassan II à travers La Marche Verte, par Jacques Chirac lors de son veto sur la guerre en Irak. Ces personnalités, ainsi que ses observations lors des réunions de partis politiques en France ou au Maroc, l’ont poussé vers le domaine de l’intelligence économique. Armé depuis 2014 d’un MBA de l’Ecole de Guerre Economique de Paris, spécialisé en management stratégique et intelligence économique, Nacer Mekouar explique que ce sont des militaires reconvertis, des colonels-majors, des pilotes de chasse, des responsables de la gendarmerie, des renseignements généraux, qui enseignent dans cette école prestigieuse. Les méthodologies et les outils inculqués sont appliqués généralement dans les champs de bataille, en anticipation.
«Quand on va faire une guerre, on doit connaitre l’ennemi, on doit connaitre le champ de bataille, on doit connaitre les outils avec lesquels on va combattre l’ennemi, il y a une anticipation, une préparation à faire. Ce modèle, on peut l’appliquer au monde économique. D’ailleurs, le monde est actuellement en guerre économique à travers la mondialisation», déclare-t-il. Attaché à son pays d’origine, Nacer veut utiliser ces enseignements pour servir sa patrie.
Parlant du secteur de l’aéronautique, il précise que l’Airshow est mis en place dans la base militaire des Forces Royales Air (FRA), en partenariat avec le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie Numérique, le ministère de l’Equipement, du transport et de la logistique, le Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales, l’ONDA et la RAM. Ce secteur est stratégique pour le Maroc, vu l’embellie qu’il connait, depuis plus d’une dizaine d’années et cette croissance importante avec plus de 15.000 emplois, plus de 10 milliards de DH de chiffre d’affaires à l’export, indique Nacer Mekouar.
En effet, plus de 100 acteurs de référence de l’industrie aéronautique sont présents dans le Royaume. Citons les grands donneurs d’ordre tels que Stelia (filiale d’Airbus), Bombardier, Boeing, Safran Group, United technologies… ainsi que de nombreuses PME telles que Daher, Le Piston Français, Souriau, Figeac Aéro, qui constituent en nombre d’entreprises plus de 80% de la supply chain.
Cette base compte une large variété de centres d’excellence, couvrant la palette des métiers du secteur aéronautique : production et assemblage d’éléments de structure et d’équipements, les systèmes électriques, la mécanique de précision et usinage, le traitement de surface et de chaudronnerie, les activités de maintenance et réparation d’avions et moteurs, les bureaux d’études et ingénierie, ainsi que divers services d’accompagnement. Le nouveau commissaire d’exposition de l’Airshow relève que cet événement représente la vitrine du savoir-faire technologique du Royaume.
L’intelligence économique est une composante importante pour le développement de ce secteur au Maroc, explique-t-il. Et d’ajouter, l’aéronautique est un domaine très porteur au niveau international. Le Maroc a sa part à prendre dans cette croissance mondiale du secteur sur la chaine de valeur de la production aéronautique. Il précise que clairement, le Maroc est à l’Europe, ce que le Mexique est aux Etats-Unis. Il déclare, preuve en est, qu’il a rencontré les officiels mexicains, et ils sont très intéressés de venir en forte délégation pour voir ce que fait le Maroc. Il y a des concurrents en face et il faut donc s’armer en conséquence, déduit-il. Nacer indique par exemple, que si demain le Maroc est dans la carte des choix d’un investisseur en termes de colocalisation, il y a le Mexique aussi comme option. Le choix peut basculer vers le Maroc grâce à l’intelligence économique. Nacer Mekouar déclare : «l’IE agira et doit agir dans tous les secteurs, passant par l’aéronautique. Elle doit être présente au sein des organismes étatiques, mais aussi dans la démarche des dirigeants marocains qui souhaitent se développer à l’international. L’IE permet de multiplier les actions d’influence pour attirer de nouveaux investisseurs».

Il a gagné ses jalons dans l’entreprenariat
Le monde de l’entreprenariat l’a fasciné très tôt. Il a ainsi monté en 2008 sa toute première entreprise avec son ami d’enfance Rachid El Alaoui. Les deux entrepreneurs en herbe de l’époque, s’étaient intéressés à un projet ambitieux, le transfert d’argent à l’international par téléphone mobile, mettant ainsi à profit dans leur axe stratégique deux clés, à savoir l’intérêt grandissant de la population pour tout ce qui est smartphone et la recrudescence du transfert d’argent des Marocains résidents à l’étranger vers le Maroc. Avec leur projet, les deux amis ont réussi à rafler de nombreux prix dont notamment, celui du concours Tremplin de Maroc Entrepreneurs. Ils ont intégré cette année-là ESSEC Ventures, un dispositif qui accompagne les étudiants porteurs de projets d’entreprise. Nacer fait ensuite ses preuves dans le développement d’entreprise dans le conseil d’accompagnement de projets en amorçage et chez IBB Management – Korn Ferry en tant que business development manager dans l’Executive Search. En 2011, il devient responsable régional Ile-de-France chez Ucar/Opel.
Né en 1983, à Casablanca, Nacer Mekouar a vécu son enfance entre la Métropole et les escapades en famille les week-ends à la ferme familiale de Beni Mellal. Enfant solitaire, fin observateur, il a évolué dans un environnement où la nature côtoyait les traditions, au plus près du terroir marocain. Il a été bercé par l’univers de son père, exportateur de poissons frais vers l’Europe, et celui de sa famille maternelle en charge de plusieurs fermes, en production agroalimentaire.
Selon lui, les citadins ont tendance à oublier la dualité entre le monde rural et le monde urbain. L’environnement du monde rural se prévaut de valeurs importantes, qui sont l’humilité, le travail acharné et le contact humain.

BIO EXPRESS

1983 : naissance à Casablanca
2004 : licence Sciences Economiques à Paris- Panthéon Sorbonne
2006 : Bachelor en management international, un double diplôme de l’Université de Brisbane en Australie et de l’Université chinoise Shenzhen en partenariat avec L’INSEEC Paris.
2007 : Master en Sciences des organisations et de la décision spécialisé en management des entreprises dans les pays en voie de développement à Paris Dauphine.
2014 : MBA spécialisé en management stratégique et intelligence économique à l’Ecole de Guerre Economique à Paris.

 
Article précédent

Tanger Med, 1er port en Afrique à obtenir le label "EcoPorts"

Article suivant

ONU : Forte réaction de Ban Ki-moon après la marche de Rabat