« Un nouveau drame » par ( Jamal Berraoui )
« Le Liberia est menacé dans son existence », c’est le ministre libérien de la Santé qui a prononcé cette terrible sentence. Ebola a fait des ravages dans ce pays qui compte déjà mille deux cents morts. Les structures sanitaires y sont très faibles, cinq centres médicaux luttent contre l’épidémie, ils n’ont plus de lits pour accueillir les malades.
Les pays limitrophes ne sont pas mieux lotis. Les méthodes utilisées relèvent du Moyen-âge, on met en quarantaine des quartiers entiers, on transforme en mouroir des habitations, au risque de créer d’autres catastrophes. Les quartiers isolés enregistrent des cas de malnutrition d’enfants, la réapparition du choléra.
Il faut saluer la position du Maroc, qui a refusé de suivre le mouvement général et de mettre en quarantaine les pays concernés. Fermeture des frontières, annulation des correspondances aériennes, ajoutent de la crise à la crise et déstabilisent des économies très fragiles. Espérons juste que le contrôle sanitaire aux frontières est au point. Ebola est déjà à Dakar, ce qui n’est pas très loin.
Ce maudit virus n’a pour le moment aucun traitement. 70% des personnes atteintes décèdent, les autres s’en sortent avec de graves séquelles, sans que l’on sache pourquoi. On sait seulement que les singes sont des vecteurs de transmission. La science est très lente sur le sujet, parce que c’est une maladie typiquement africaine et que l’Afrique n’est pas un marché « tentant » pour les laboratoires pharmaceutiques, et ce sont eux qui fixent le rythme de la recherche scientifique. C’est très cynique, mais c’est la réalité et ce n’est pas un billet qui va la changer.
L’OMS dénonce l’apathie de la communauté internationale et tire la sonnette d’alarme sur l’étendue de la catastrophe. Pour le moment, elle n’est pas entendue. L’Afrique est seule face à un fléau qui s’étend géographiquement, alors que par solidarité humaine, elle devrait bénéficier du soutien de tous.
Le Liberia, mais aussi le Congo et la Guinée sont lourdement touchés et le virus finira par gagner du terrain. S’il n’y a pas une aide consistante internationale, le nombre de victimes peut atteindre des niveaux astronomiques. Une autre épreuve pour le Continent.