Un nouveau marché est né
Parcs d’attractions, salles de jeux, aquaparcs ou espaces loisirs fleurissent au Maroc. Mais rien n’était destiné jusque là aux juniors de moins de 12 ans. Des investisseurs marocains ont surfé sur la lacune pour ouvrir la voie à un marché qui semble prometteur.
Forte du constat que les enfants de moins de 12 ans sont les grands oubliés des investisseurs en matière de loisirs au Maroc, la famille Belghiti ouvre à Casablanca «Jourigolo», un premier espace de jeux «indoor», équipé des dernières innovations ludiques susceptibles de permettre aux enfants de développer leur motricité, leur confiance en soi tout en nourrissant leur imaginaire et leur créativité. « Nul n’ignore que le jeu est essentiel pour qu’un enfant puisse s’épanouir, or, au Maroc nous manquons d’endroits sécurisés où l’enfant peut s’amuser et jouer librement. Nous avons donc fait une étude de marché, expliquent en chœur Zineb et Youssef Belghiri, respectivement directrice d’exploitation et directeur général de « Jourigolo », qui a consisté à analyser le marché des espaces jeux et loisirs pour les juniors au Maroc et dont les conclusions ont démontré qu’il n’existait quasiment pas d’espaces adaptés aux attentes d’une clientèle marocaine, ni en termes de sécurité ni en termes de diversités, hormis quelques petites aires de jeux aménagées, en général installées aux abords des centres commerciaux, à proximité de stations service ou encore dans un certain nombre de fast foods. » Calqué sur des modèles européens, ce premier espace exclusivement réservé aux moins de 12 ans a été adapté aux attentes marocaines : « Nous avons visité en Europe des espaces de 1500 à 2000 m2, poursuivent Z. et Y. Belghiti, souvent à la périphérie des villes et avec des prix d’entrée et de prestations qui variaient entre 20 et 30 euros. Nous avons adapté notre projet pour le Maroc, sur une surface plus réduite –entre 400 et 600 m2-, en centre ville pour répondre aux souhaits de proximité, avec des prix adaptés au pouvoir d’achat des Marocains –entre 60 et 90 DH en fonction de l’âge de l’enfant-, tout en gardant les standards hauts de gamme de qualité et de sécurité des installations. » Si les investisseurs marocains souhaitent rester discrets sur le montant de l’investissement, ils affirment pourtant que l’enveloppe relative à un tel projet oscille entre 8 et 10 millions de DH, hors foncier, hors coût de formation du personnel, des frais de démarrage et de communication. En ce qui concerne les jeux et les installations, les Belghiti ont fait appel à un fournisseur européen pionnier du secteur, leader des fabricants et concepteurs d’aires de jeux intérieures et extérieures et de parcs de jeux indoor aux Pays-Bas et en Europe. « Nous avons mis l’accent sur la sécurité car il fallait que nos prestations répondent aux exigences et normes légales de sécurité, contrôlées et certifiées par un laboratoire spécialisé. A titre d’exemple, nous avons prévu des filets anti-grimpe dans la structure de jeu, les sols et les plateformes sont constitués de panneaux en bois recouverts de mousse et de vinyle amortissant, choisis par un bureau d’étude et de coordination qui a maitrisé les détails d’exécution. » Quant au personnel, -une équipe d’une dizaine de professionnels issus de l’univers de l’enfance-, il a été formé en particulier sur le volet hygiène et sécurité, mais également sur la psychologie de l’enfant ou encore sur les arts du cirque. Spécificité de l’endroit, outre le fait d’être pionnier du secteur au Maroc : la thématique « marine ». « Nous voulions recréer un véritable univers à travers la décoration et les animations, assurent les Belghiti. Nous sommes à côté de l’océan et le thème du monde sous marin est très coloré, esthétique et fascinant pour les enfants. » S’il est encore trop tôt pour établir un premier bilan au bout de deux mois d’existence, les dirigeants de ce nouveau concept se félicitent déjà de l’engouement suscité par la mise en place de leur projet : « Comme pour tout nouveau produit, il faut du temps pour l’expliquer et l’ancrer dans les esprits. Mais nous avons constaté dès l’ouverture que les parents nous ont fait confiance et qu’ils ont trouvé là un endroit qui manquait cruellement à leurs enfants avant notre arrivée. Au Maroc, l’enfant est roi et les parents n’hésitent pas à lui consacrer une partie non négligeable de leur budget. » Conscients que le marché est porteur, -à condition qu’il réponde «aux critères d’expérience dans l’encadrement des enfants, de la compétence du personnel, de l’hygiène, de la sécurité et du savoir-faire»– les Belghiti envisagent de développer le concept dans d’autres villes du Maroc, peut-être sous la forme de franchises. Absent de la scène marocaine jusque là, le marché des loisirs juniors signe son premier succès, gage que son développement ne saurait se faire attendre.