Un nouveau modèle de santé en gestation
Le ministère de la Santé est en train de mobiliser tout l’écosystème pour la mise en place d’un nouveau modèle de santé. Où en est-on dans la préparation de cette nouvelle feuille de route en matière de santé tant espérée ? Quelle économie de la santé est actuellement en vue ?
Si, selon l’adage, «la santé n’a pas de prix», elle a en revanche un coût. Alors que la crise sanitaire devrait occasionner une perte cumulée d’environ 12.500 milliards de dollars à l’économie mondiale sur 2020 et 2021, selon le FMI, les systèmes de santé sont appelés à de profondes mutations organisationnelles mais également financières. Le Maroc n’échappera pas à ces défis. La crise du coronavirus a montré les limites du système de santé marocain, mais également le potentiel de ses ressources qui peuvent faire preuve d’innovation pour faire face aux besoins des citoyens en matière de soins. Pénurie de personnel et d’infrastructures, manque de coordination, problèmes de financement et de gouvernance… Dans l’écosystème de la santé, ministère de tutelle, médecins, dentistes, pharmaciens, industriels, grossistes, biologistes, professionnels des dispositifs médicaux, investisseurs, syndicats, citoyens, tout le monde est à peu près d’accord pour dire qu’une réforme est nécessaire. Selon le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, le secteur ne sera pas le même avant et après la pandémie de Covid-19. Depuis, il est en train de mobiliser tout l’écosystème pour la mise en place d’un nouveau modèle de santé qui tient compte des spécificités et moyens du Royaume.
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Tutelle, médecins, dentistes, pharmaciens, industriels, grossistes, biologistes, professionnels des dispositifs médicaux, investisseurs, syndicats… sont tous d’accord sur le diagnostic : le système actuel de la santé au Maroc est loin d’être satisfaisant. Et ce n’est pas nouveau.
Mais la crise sanitaire a jeté une lumière crue sur les failles de ce modèle marocain de santé, ainsi que le potentiel de ses ressources qui peuvent faire preuve d’innovation pour faire face aux besoins des citoyens en matière de soins, ravivant du coup la nécessité d’une réforme urgente du système de santé au Maroc. Depuis, la tutelle s’est rapprochée de l’écosystème regroupé dans la Fédération nationale de la santé (FNS) et prévoit d’en faire autant avec d’autres acteurs regroupés dans d’autres associations et fédérations professionnelles. C’est dans ce cadre que la FNS a pris part, le 22 septembre dernier à Rabat, à la cérémonie de signature de la « «convention- cadre de partenariat stratégique public-privé permanent pour contribuer à l’amélioration et au développement du système national de santé». Signé entre cette Fédération et la Direction de la réglementation et contentieux, relevant du ministère de la Santé, cet accord devrait aboutir, à terme, à la signature ultérieure d’une convention- cadre qui fixera la nouvelle politique que le Royaume suivra en matière de santé publique. Plus qu’un inventaire à la Prévert de mesures et moyens destinés, il s’agira, à terme pour la tutelle, de définir et de mettre en œuvre un «système maroco-marocain» pour la santé publique. Selon le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, le Royaume ne pourra pas dupliquer un schéma étranger, sachant que les réalités du terrain ne sont pas les mêmes. Car «plutôt que d’extrapoler un système générique existant», le ministre estime que «l’on serait à même d’avoir un système maroco-marocain», bâti sur «une philosophie de la carte sanitaire régionale », relevant à ce propos que «sans la régionalisation, il serait difficile de répondre aux attentes, car chaque région a ses potentiels, ses attentes, son approche et son contexte». Quid des premières propositions de ces professionnels ?
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Les cloisons entre public et privé vont sauter
Aussi bien du côté du ministère que des professionnels, ils sont unanimes sur le fait que les frontières entre les secteurs public et privé, doivent sauter, ce qui aboutirait du coup à la modification du statut de la fonction publique qui régit le secteur. Telle sera la voie à suivre, avec le partenariat public-privé qui permettra la réanimation d’autres domaines comme notamment la recherche scientifique. Autrement dit, la tutelle veut doter le pays d’une véritable économie de la santé. S’il a à ce niveau les mêmes ambitions que les professionnels qui s’attendent à signer un contrat-programme pour l’ensemble des filières de la santé, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, peut compter sur son homologue de l’Economie et des Finances. «Les nouveaux investissements dans certains secteurs, notamment au niveau de l’économie de la santé où la taille du marché marocain est appelée à changer d’échelle, ne devraient pas se réduire, pour l’essentiel, à des IDE dans notre pays. Ce que nous attendons de vous, opérateurs économiques, c’est d’être davantage présents», a lancé Mohamed Benchaâboun devant les membres du patronat, au cours d’une rencontre organisée par la CGEM, le 26 novembre dernier à Casablanca. Selon l’Argentier du Royaume, les fonds thématiques ou sectoriels du Fonds Mohammed VI pour l’investissement pilier central du plan de relance économique post-Covid, ajouteront de nouvelles modalités de financement, jamais déployées jusqu’alors, à celles déjà disponibles. «Je vous invite à y recourir au maximum et participer à une nouvelle dynamique de notre économie», exhorte t-il les patrons. Il faut dire, que si l’amélioration du système de santé ne pourra se faire sans un partenariat public-privé solide, il devrait être accompagné impérativement de plus de financement, selon les professionnels dans leurs premières propositions. Jusque-là, l’économie de santé au Maroc a révélé l’ampleur du sous-investissement de l’Etat dans ce secteur. Une situation qui pousse les Marocains à financer à plus de la moitié leurs soins de santé. Une équation qui sera amenée à être résolue à travers le nouveau modèle de santé qui est en chantier. A ce niveau, le Maroc fait face à trois défis.
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