“Un plafond de verre” pour les femmes?
Au cours d’une conférence du Club des femmes administrateurs, l’assistance s’est plainte de barrières à la carrière dans l’entreprise. Ce que l’on désigne par un plafond de verre est moins évident après une brève enquête de terrain, et même dans les groupes familiaux, on confie plus de responsabilités aux femmes. Compte rendu.
L
e Club des Femmes Administrateurs (CFA) a organisé récemment une rencontre sur le thème “Sélection des administrateurs et rôle de la diversité”. Un thème récurrent, depuis un certain temps au Maroc. On n’hésite pas à se référer, en le regrettant, le féminisme d’Etat de la Tunisie, féminisme promu par le premier Président de la République, Bourguiba et qui a survécu, malgré les tentatives des Islamistes à s’y opposer. L’initiative a suscité un intérêt certain de la part aussi bien des participantes que des observateurs. On ne peut que relever et particulièrement, les réactions de l’assistance, qui a pointé, non sans amertume, ce qui a été qualifié de “plafond de verre” qui empêcherait les femmes d’accéder aux plus hautes sphères du management d’entreprise. Pourtant, une brève enquête de terrain, démontre que les hommes d’affaires seraient plus favorables à employer des femmes dans leurs entreprises. Sauf qu’il est une réalité qu’il ne faut pas perdre de vue, celle de partir du préjugé qu’une personne est meilleure dans le milieu professionnel, en raison de sa race ou de son sexe. Ce serait soit du racisme, pour le premier cas, soit du sexisme pour le second. Point qui a été d’ailleurs soulevé lors de la conférence du CFA: “dans le monde des affaires, on ne s’intéresse pas à la diversité de ses salariés, mais aux résultats. Des études américaines ont prouvé qu’une équipe d’administrateurs, qui compterait en moyenne une femme dans ses rangs, donne de meilleurs résultats, qu’une autre, composée uniquement d’hommes, même exceptionnellement bons,” explique un collègue de l’intervenante Sarah Cuttaree, de l’International Finance Corporation (Groupe Banque Mondiale), invitée à intervenir lors de la rencontre du CFA.
C’est que dans les faits, la diversité apporte une approche différente. Mais jusqu’où peut-on aller dans la diversité? Aux Etats-Unis, cela signifie la présence d’afro-américains dans les conseils. Quoi que cette idée est remise en cause par certains américains. Mais allons plus loin: peut-on par exemple, exiger la présence d’un certain nombre d’handicapés? Une représentation ethnique?
Discrimination positive: une si mauvaise idée
Cela étant, et dans un cadre totalement différent, on se rend compte que même dans les groupes familiaux, le changement est en marche. Les filles de self made men prennent, et de plus en plus souvent, des responsabilités dans les groupes paternels. Des femmes doivent elles-mêmes se donner les moyens de gravir les échelons, quelles que soient les difficultés à franchir. Alors, peut-on se prononcer en faveur d’une discrimination positive? A l’évidence non, car cela signifierait laisser la porte ouverte à des erreurs de casting, et cela au nom de la diversité. Pour Marie-Jeanne Chèvrement Lorenzini, présidente de l’Institut Luxembourgeois des Administrateurs: “de par mon expérience, il ne fait pas bon être un homme de nos jours… On en demande sans cesse plus, et les barrières à l’entrée sont, de plus en plus élevées. Dans ma carrière, j’ai progressé. Cela a été difficile. Mais ai-je été discriminée?, je ne peux l’affirmer,” explique-t-elle.
Pour ce qui est de la présence des femmes dans les conseils d’administration, Fouad Lahgazi de KPMG, explique que cette présence n’est là, le plus souvent, que pour un rôle de figuration. Le pouvoir reste concentré dans les mains d’un fondateur. Une manière de dire que, même si les femmes étaient plus présentes, leur rôle effectif, compte tenu de l’environnement économique marocain, n’aurait pas réellement de portée. Reste qu’il demeure une réalité, qui fait qu’une femme manager marocaine, gère sa communication aussi mal qu’un homme… Un peu comme si le fait d’être marocain, signifiait être porteur d’une crise profonde de valeurs. Et cela, que l’on soit un homme ou une femme.