Un secteur à la traîne, pourquoi ?
Lorsque le HCP estime qu’il y a eu une reprise du secteur du BTP durant le premier trimestre, tous les chiffres tendent à montrer le contraire. Les ventes de ciments sont en forte baisse de 3,37%. Et du coté des industriels de la métallurgie, l’heure est à un certain pessimisme. Le ralentissement du programme autoroutier pourrait y être pour quelque chose.
Alors que beaucoup de secteurs d’activité connaissent une nette reprise, l’activité des Bâtiments et Travaux publics est toujours dans une phase de baisse. Plusieurs baromètres montrent une baisse de régime. Parmi ces indicateurs, les ventes de ciments sont les plus parlants. Et, les chiffres que vient de communiquer le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme font état d’une baisse prononcée. En effet, à fin mai 2014, les ventes cumulées de ciments ont reculé de 3,37% par rapport aux cinq premiers mois de l’année précédente, pour s’établir à quelque 6,19 millions de tonnes, contre 6,4 millions en 2013. Pis encore, Le recul du mois de mai a été nettement plus important que la moyenne des quatre premiers mois, ce qui montre que le rythme baissier s’accélère de nouveau. En effet, en mai 2014, ce sont quelque 1,35 million de tonnes de ciment qui ont été écoulées contre 1,41 million de tonnes pour la même période de 2013.
Une production en baisse dans la métallurgie
Autre indicateur majeur, l’enquête de conjoncture de la Banque Centrale au titre du mois d’avril et publiée il y a juste trois semaines, fait également état d’un repli des industries mécaniques et métallurgiques. En effet, selon 62% des chefs d’entreprise interrogés par le département des études statistiques de la Banque Centrale, la production aurait baissé en avril après une légère amélioration en mars. Or, compte tenu de la croissance très forte du secteur automobile qui entraine la sous-branche de la mécanique, on peut légitiment penser que c’est l’activité de la métallurgie seule qui entraine la baisse de ce sous-secteur mécanique-métallurgie. D’ailleurs, cette hypothèse de baisse de la métallurgie, est cohérente par rapport à l’évolution du secteur du ciment. En effet, dans la métallurgie, la production de ronds à béton occupe un volume assez significatif de la production métallurgique. En effet, la première entreprise de cette branche n’est autre que la Sonasid.
Et toujours selon l’enquête de Bank Al Maghrib, pour l’évolution des mois à venir, les chefs d’entreprise sont plutôt partagés entre une baisse et une stagnation, au vu de leurs carnets de commande. En effet, ces derniers auraient été à un niveau inférieur à la normale selon 52% des entreprises du secteur de la mécanique-métallurgie et à un niveau normal selon 46%.
Au niveau du ministère des Finances, également, on abonde dans le même sens. Puisque, dans la note de conjoncture de mai 2014, on fait remarquer que la baisse du ciment pourrait correspondre à un repli du secteur. Parce qu’en effet, les ventes de ciments ont toujours été un excellent indicateur de la santé du BTP.
Seul le HCP voit la croissance du BTP
Pourtant, le Haut commissariat au plan (HCP) semble faire cavalier seul en communiquant des éléments statistiques tout à fait différents. On peut comprendre que ces données liées à la vente du ciment qui affichent une très forte baisse et à l’enquête de conjoncture de Bank Al Maghrib qui augure un repli d’activité avec leurs dernières conclusions.
«Les activités de construction auraient poursuivi, au premier trimestre 2014, leur affermissement enclenché fin 2013», expliquent les experts du HCP dans le Point de conjoncture du mois d’avril. Et d’ajouter que : «le secteur semble de nouveau renouer avec la croissance positive, après cinq trimestres marqués par une conjoncture morose et un repli significatif de l’activité. La valeur ajoutée du secteur aurait progressé de 3,9%, au premier trimestre 2014, après +3,2% au quatrième trimestre 2013 et une baisse de 3,6% en moyenne au cours des trois premiers trimestres 2013».
Toutefois, souligne le HCP, toutes les branches du secteur ne sont pas logées à la même enseigne. Puisque l’activité construction devrait mieux se comporter que celle des travaux publics. Le HCP affirme en effet, dans ce Point de conjoncture, que «les pronostics des professionnels du secteur, dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture du HCP, augurent une légère hausse de l’activité de la construction et une baisse de celle des travaux publics, pour la même période».
Est-ce que donc l’investissement public serait en cause? On ne saurait écarter cette hypothèse, dans la mesure où le rééquilibrage budgétaire n’a pas été très profitable aux travaux publics qui peinent à reprendre. Il est vrai que les travaux du TGV se poursuivent à bon rythme. mais, au niveau autoroutier, force est de constater que le Maroc a pratiquement atteint les 1800 kilomètres d’autoroutes qui étaient prévus à l’horizon 2015. En effet, le pays dispose de près de 1450 km d’autoroutes déjà ouvertes à la circulation. il reste ça et là des tronçons prioritaires. En effet, les travaux se poursuivent au niveau du périphérique de contournement de Rabat (41 km), de l’autoroute de Berrechid-Beni-Mellal (172 km), et d’El Jadida-Safi (143 km) pour atteindre l’objectif escompté. Plus de la moitié de ces tronçons est prévue naturellement pendant l’exercice 2014. Mais, cela représente nettement moins que les années précédentes qui ont vu s’ériger l’axe Marrakech-Agadir ou encore Fès-Oujda.